Critique
Solange est fonctionnaire de police, affectée à la sécurité routière dans une grande ville. En clair, elle contrôle le stationnement, escalade les poids lourds pour poser un PV sur le pare-brise, essuie les injures et la mauvaise humeur des usagés, et la pluie en prime. Tandis que ses collègues se sentent investies d'une haute mission, Solange en ressent toujours plus la vacuité, et rêve de devenir chanteuse. Et il faut reconnaître qu'elle dispose pour cela d'atouts réels. Rien à voir par exemple avec la chansonnette poussée par la Marie-Do du récent RIEN A FAIRE, avec lequel LE BLEU DES VILLES a certains points communs. Ce dernier cultive aussi la mé-lancolie de femmes d'aujourd'hui, qu'elles soient au chômage ou confinées, reléguées dans des métiers peu valorisants, et de plus mariées à des hommes qui ne savent pas ou plus reconnaître les vrais besoins de leur épouse. Maris, réveillez-vous!
Posséder leur propre maison ne les fait plus rêver, les biens de consommation, offerts le jour de l'anniversaire ou pour la fête des mères, ne suffisent plus à faire oublier la banalité du quotidien. Le film de Brizé, c'est un peu le blues des villes. Se fait alors cruellement et durement sentir le besoin de vivre une vie qui ait un sens, qui offre un épanouissement per-sonnel en donnant aux gens leur chance. LE BLEU DES VILLES égratigne au passage le triomphe du paraître et de l'image aux dépens de la vérité.
Le personnage de Solange est interprété avec une admirable sensibilité et beaucoup de talent par Florence Vignon, co-scénariste avec le réalisateur de ce film présenté à Cannes au printemps dernier à la Quinzaine des réalisateurs (premier long métrage).
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