Enfance volée (L')

Affiche Enfance volée (L')
Réalisé par Markus Imboden
Pays de production France
Année 2008
Durée
Genre Drame, Guerre, Historique
Distributeur elitefilms
Acteurs Charlotte De Turckheim, Jacques Herlin, Pierre Cassignard, Gilles Chabrier, Titouan Gorzegno
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 656

Critique

Max (Max Hubacher) est orphelin. Il a été placé dans une famille paysanne, mais il est maltraité: on le considère comme un domestique voué aux basses besognes. D’une avarice sordide, le maître de la ferme est alcoolique, son fils Jacob violent et vicieux, la mère hargneuse: la vie de Max devient vite un enfer. L’accordéon que le garçon possède sera l’élément salvateur (il en joue remarquablement bien). Quand la jeune et nouvelle institutrice du village découvre et dénonce la maltraitance dont Max est l’objet, le village fait la sourde oreille: institutions et autorités frileuses, pasteur hypocrite, parents lâches, chacun cherche - et réussit - à étouffer les affaires. La vie de Max se détériore. La seule chose qui l’aide à survivre est l’amitié qui le lie à la jeune Berteli, elle aussi enfant «placée» dans la famille. Tous deux rêvent de partir un jour pour l’Argentine… L’ENFANCE VOLEE témoigne d’une certaine noirceur et l’on cherchera en vain, au milieu d’adultes décevants, un personnage sympathique. Le seul qui le soit, l’institutrice, fera les frais de son courage, et tout restera comme avant. Le spectateur découvrira un épilogue en demi-teinte… L’ENFANCE VOLEE revient sur un sujet sensible: celui des pratiques en usage en Suisse (XIXe et début de XXe siècle, l’intrigue du film se situant aux alentours des années 50) autorisant les autorités à «vendre» des enfants et des adolescents orphelins ou de parents divorcés - on articule le chiffre de plusieurs dizaines de milliers d’enfants concernés - à des familles d’accueil qui très souvent les considéraient comme une main-d’œuvre bon marché. Des enfants qui par la suite étaient fréquemment maltraités, battus. De telles pratiques n’étaient jamais punies, chacun préférant fermer les yeux.

En lice lors du récent gala des Quartz suisses de Lucerne, le film de Markus Imboden était l’un des favoris, mais n’a obtenu qu’un accessit, le Prix d’interprétation masculine. Sorti en Suisse allemande en novembre dernier et très bien accueilli (le plus gros succès pour un film suisse depuis cinq ans), ce «biopic» souffre peut-être d’une certaine pesanteur d’écriture (scènes sans surprise, séquences parfois longues - on aurait souhaité quelques ellipses), mais on portera au crédit du cinéaste une histoire solide, un montage classique et efficace, une caméra le plus souvent fixe et à bonne distance, et beaucoup de netteté dans la démarche. Le jeu - rude - des acteurs pourra surprendre, mais s’accorde bien avec l’âpreté du propos, et l’on reconnaîtra à L’ENFANCE VOLEE une force de conviction (et de dénonciation) indéniable.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14
Georges Blanc 7
Daniel Grivel 14
Anne-Béatrice Schwab 14