Critique
En novembre 1997, Serge Halimi avait stigmatisé dans son opuscule Les nouveaux chiens de garde les faiseurs d’opinion déployant quasi quotidiennement leurs talents de propagandistes. Gilles Balbastre et Yannick Kergoat actualisent les thèses énoncées par le directeur du «Monde diplomatique». Comme lui, ils se réfèrent à Paul Nizan et à ses Chiens de garde (1932). Quels progrès réels depuis l’époque de l’ORTF où Alain Peyrefitte, ministre de l’Information, expliquait sur le plateau de Léon Zitrone le remodelage du journal télévisé préconisé par le gouvernement? L’indépendance, l’objectivité, le pluralisme caractérisent-ils les grands médias aujourd’hui, ou alors les chaînes et les stations pléthoriques ne provoquent-elles pas l’atrophie du débat d’idées, en diffusant peu ou prou, insidieusement, une pensée unique?
Les auteurs du brûlot nomment délibérément les individus qui incarnent la collusion entre «l’oligarchie journalistique», les élites politiques ainsi que les patrons de grands groupes industriels et financiers. Ils brocardent les pseudo-«experts», lesquels, sans l’avoir pressentie, commentent la «crise» d’un système dont ils tirent abondamment profit, pérorent sur la nécessité de la «rigueur» pour les classes populaires, écartant toute alternative. Désireux de viser un maximum d’appariteurs de l’ordre établi, les deux drilles s’adonnent à un jeu de quilles plutôt que de s’appesantir sur certains corollaires de ces liens de connivence. Mais leur credo en faveur de la réappropriation démocratique de la production d’informations vaut ici et ailleurs.
Note: 15
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