Critique
NOTRE ECOLE raconte l’histoire de trois enfants «roms», Alin (8 ans), Beniamin (12) et Dana (14), qui participent à un projet d’intégration dans une école publique roumaine, dans le nord de la Transylvanie. Ils doivent lutter contre une forme de discrimination, et le font avec un mélange d’effronterie, d’humour et de résignation… La cinéaste roumaine Miruna Coca-Cozma a suivi ces enfants pendant quatre ans (2006-2010). Sa démarche est à la fois précise et émouvante.
En 2006, tous les élèves d’un établissement fréquenté uniquement par de jeunes roms sont déplacés de leur village (Dileu) jusqu’à l’école publique de la ville de Targu Lapus. Mais comment les scolariser avec leurs camarades roumains, alors qu’ils viennent d’un village où tout fait problème (pénurie d’eau, moyens de déplacement quasi inexistants, absence d’encadrement familial)? Ces enfants ont déjà du retard à l’entrée du cours préparatoire, et le décalage avec les autres élèves roumains ne fera qu’augmenter.
La cinéaste pose les bonnes questions, interroge le maire du village, le directeur du lycée de la ville et les institutrices. Elle filme les élèves roms dans leurs classes, chez eux, elle les questionne, ainsi que leurs parents. Les obstacles paraissent insurmontables: cultures différentes, conditions de vie précaires, ségrégation latente, relents de racisme, tous les problèmes sont évoqués dans leur complexité. Sont mentionnés aussi les efforts gouvernementaux de la Roumanie et ceux de l’UE.
Portrait intime d’une communauté qui se bat depuis des siècles, NOTRE ECOLE est un document sur la politique d’intégration, sur les discours militants, sur les difficultés rencontrées sur le terrain et dans la vie de tous les jours des Roms. Des problèmes que l’on peut rencontrer non seulement en Roumanie, mais aussi, plus largement et sous une autre forme, en Europe.
Le film a obtenu le Prix Sterling pour le meilleur film documentaire est-européen du Festival de Silverdocs 2011.
Note: 14
Antoine Rochat