Tête de bœuf

Affiche Tête de bœuf
Réalisé par Michaël R. Roskam
Titre original Bullhead
Pays de production Belgique
Année 2011
Durée
Musique Raf Keunen
Genre Drame, Policier
Distributeur praesensfilm
Acteurs Barbara Sarafian, Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy, Tibo Vandenborre
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 654
Bande annonce (Allociné)

Critique

Lorsque la parole déserte les êtres, la violence sourd et fait craindre le pire, et là on est à mille lieues d’une histoire belge.

Issu d’une importante famille d’agriculteurs et d’engraisseurs du sud du Limbourg, Jacky (Matthias Schoenaerts) est un être renfermé sur lui-même, mêlé depuis fort longtemps à un trafic d’hormones de croissance. Or, suite à l’assassinat d’un agent fédéral, l’étau de la recherche policière se resserre et pourrait conduire à bien d’autres mises en lumière que celles liées à l’enrichissement illicite et aux pratiques mafieuses. Et cela d’autant plus que la police bénéficie d’un informateur, Diederik (Jeroen Perceval), ami d’enfance de Jacky.

Construit à la façon d’un thriller (américain), avec parfois de longs mouvements de caméra silencieux, ce premier film dégage un climat très pesant et adapté aux décors où les brumes du matin rôdent tardivement. Cependant le scénario du film souffre d’une hésitation: suivre au plus près l’enquête policière avec ses ramifications complexes ou s’attarder sur Jacky, l’homme de marbre, blessé, qui régulièrement s’injecte des produits anabolisants. L’accent sera finalement donné à la psychologie de Jacky, portée par l’évocation en quelques flash-back du secret qu’il partage avec Diederik, mais auquel ni l’un ni l’autre ne peuvent ni ne veulent faire la moindre allusion. Du coup, leurs relations font penser à celle des copains d’enfance de MYSTIC RIVER devenus adultes. Aucune résilience ne s’est produite, les hommes sont pris: tout est encore là, enfoui. Personne ne dit ni ne dira rien. Les bouches comme les sentiments sont incapables de s’exprimer et si un jour l’expression se manifeste, elle risque bien d’opter pour la violence plus que pour la parole.

Ce film, autour d’une intrigue policière, montre les ravages d’un traumatisme de l’enfance. Si les dialogues y sont aussi courts que les relations, c’est que le silence a envahi tout l’espace et que la vie de la plupart des personnages revêt peu de goût, jusqu’à se résumer à une survie pour Jacky. Matthias Schoenaerts y campe avec force cet homme de 33 ans presque mutique, mais hélas plusieurs autres personnages convainquent peu et déséquilibrent le propos de ce film violent psychologiquement d’abord, mais également physiquement. Quand tout a couvé si longtemps, l’éruption est impossible à contenir.

A noter que ce film a obtenu quatre trophées, dont celui de Meilleur acteur et Meilleur scénario lors des Magritte 2011 du cinéma belge.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 12
Geneviève Praplan 15