Possessions

Affiche Possessions
Réalisé par Eric Guirado
Pays de production France
Année 2012
Durée
Musique Maidi Roth
Genre Drame, Thriller
Distributeur pathefilms
Acteurs Jérémie Renier, Julie Depardieu, Benoît Giros, Alexandra Lamy, Lucien Jean-Baptiste
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 654
Bande annonce (Allociné)

Critique

Basé sur une affaire qui a bouleversé la Haute-Savoie, le nouveau film du réalisateur français évite l’«anecdotisme» du fait divers en proposant une critique de la société de consommation.

En 2003, en Haute-Savoie, une famille a été massacrée par un homme, avec la complicité de sa femme et d’un couple d’amis. Motif: la jalousie. Le drame est connu sous le nom d’affaire Flactif. Eric Guirado (LE FILS DE L’EPICIER, 2010) la reprend pour réaliser POSSESSIONS.

Marilyne (Julie Depardieu) et Bruno Caron (Jérémie Renier) s’installent avec leur fillette dans une station de montagne où ils comptent trouver du travail. Première déconvenue, le chalet qu’ils ont loué n’est pas terminé; le promoteur (Lucien Jean-Baptiste) et sa femme (Alexandra Lamy) les installent provisoirement dans un appartement de haut standing et engagent Marilyne comme femme de ménage. Le couple Caron découvre une vie de luxe, en même temps qu’il est invité à déménager une deuxième, puis une troisième fois. Plus le temps passe en vaines promesses, plus ils ont le sentiment que les promoteurs se moquent d’eux. Jusqu’au jour où leur rage éclate.

Un fait divers est anecdotique, il relate un cas particulier et, en cela, n’intéresse pas l’information au sens large. Que devient ce fait divers au cinéma? Traité au premier degré, il gêne par son côté excessif - s’il ne l’était pas, ce ne serait pas un fait divers -, il est caricatural et laisse un goût d’exagération qui décrédibilise le film. Cette impression se ressent parfois dans le cas de POSSESSIONS. Mais Eric Guirado l’a prévu, il évite assez bien le piège en s’attachant aux caractères des personnages plutôt qu’aux faits, en cernant le pourquoi de leur évolution tout en restant aussi impartial que possible. «Mon but n’était pas de juger ou de proposer une explication, mais de déboucher sur une réflexion, de partir du fait divers pour aboutir à une histoire universelle.» Ainsi, malgré l’atrocité des événements - toujours laissés hors champ -, s’insinue peu à peu la prise de conscience d’une société dévouée à la consommation, esclave du paraître et prête à beaucoup pour en montrer davantage. En parallèle s’affirme la fragilité des personnes peu éduquées, peu formées, déboussolées par les modèles du luxe dont elles n’ont pas les moyens de se distancer. Le film fait état des nombreuses propositions de crédits, tout en dépeignant la vacuité des possessions matérielles, l’ostentation de la richesse, l’incongruité de ces chalets qui enlaidissent les stations des Alpes depuis quelques années.

Si le réalisateur y avait insisté davantage, il aurait mieux servi son désir de ne pas «focaliser trop sur le meurtre» pour ne pas masquer son projet: «Avoir une portée didactique, cathartique. Plus que l’affaire Flactif, c’est une affaire contemporaine.» Mais il n’était pas facile d’adapter un fait divers aussi extrême, avec des personnages aussi peu conscients d’eux-mêmes et de leurs actes, sans écorner le souci pédagogique. Ce choix étant fait, Guirado réussit tout de même un film intéressant et bien mené, dans lequel l’intrigue policière laisse la place nécessaire à de bons mais tristes portraits contemporains; autant ceux de la famille Caron que ceux des promoteurs.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 10
Daniel Grivel 10
Anne-Béatrice Schwab 12