Dame de fer (La)

«C’est un film qui nous livre Margaret Thatcher sans le thatchérisme», aurait dit The Guardian. C’est bien l’impression que donne le nouveau film de Phyllida Lloyd, coupable d’un Mamma Mia (2008) qui n’avait certainement pas mérité son triomphe commercial. «Il ne s’agit pas d’un film politique, mais plutôt d’une histoire presque shakespearienne, le destin d’une dirigeante aussi extraordinaire qu’imparfaite», se justifie la réalisatrice. De fait, le scénario d’Abi Morgan ne touche qu’aux grandes lignes d’un destin hors du commun, évitant de justesse l’hagiographie. C’est dire qu’on en ressort forcément frustré.

Comme Clint Eastwood dans J. Edgar, ou Luc Besson dans The Lady, Lloyd s’attache à parler de sentiments et de caractères, à évoquer une vie privée probablement inspirée des Mémoires de la Dame, mais qui ne vont pas sans quelques spéculations. C’est dérangeant. Considérée depuis la vieillesse et la sénilité, abordée sous l’angle de la carrière et rendue comme un hymne à la féminité, l’action politique s’encombre d’une famille qui aurait été dépassée par une détermination sans faille. Les graves événements qu’a traversés le Royaume-Uni pendant ce règne (de 1979 à 1990), auraient mérité un regard plus profond.

Il vaut donc mieux oublier la vraie Madame Thatcher et voir, dans La Dame de fer, l’histoire un peu cliché d’une femme qui rêvait de grandeur. De ce point de vue, cette biographie trop rapidement esquissée et plutôt romanesque prend l’allure d’un divertissement sympathique, porté par le talent inaltérable de Meryl Streep.