The Woman with a Broken Nose

Affiche The Woman with a Broken Nose
Réalisé par Srdjan Koljevic
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 650

Critique

Il pleut sur Belgrade… Sur un pont, un gros embouteillage: un chauffeur de taxi grognon, Gavrilo (Nebojsa Glogovac), embarque une jeune femme avec son bébé (elle a le nez cassé). A peine installée dans le véhicule elle en ressort et saute du pont. Deux femmes ont assisté à la scène et sortent de leurs voitures. Cette tentative de suicide va lier les destins de ces trois personnes: le chauffeur de taxi - qui se retrouve avec un bébé sur les bras -, Anica (Anica Dobra), une enseignante qui se remémore la mort accidentelle de son fils, et Biljana (Branka Katic), une pharmacienne qui pleure la disparition récente de son ami. Trois témoins que le hasard a fait se côtoyer ce jour-là, à cet instant-là.

Chacun d’eux porte en lui un lourd passé. Réfugié bosniaque, Gavrilo est arrivé à Belgrade à la fin de la guerre, en compagnie d’une amie. La présence d’un bébé dont il ne sait que faire n’arrange pas les choses. Anica, de son côté, est talonnée par les assiduités d’un étudiant dont elle souhaite se débarrasser. Elle fera le bilan de son existence, tout comme Biljana, amoureuse d’un pope… Trois trajectoires de vie qui se croisent donc, qui vont s’infléchir dans des directions imprévues et s’orienter finalement, semble-t-il, vers une forme de sérénité.

Le second film de Srdjan Koljevic démarre fort et maintient intelligemment sa tension jusqu’à la fin. Peut-être déconcerté de prime abord, le spectateur découvrira et reconstituera peu à peu le passé (douloureux) des trois protagonistes - ainsi que celui de tous les autres personnages. La démarche réserve des surprises (on ne dévoilera pas les détails du scénario).

Regard porté sur un pays qui reste encore très marqué par la guerre, film choral plein de finesse et d’émotion, THE WOMAN WITH A BROKEN NOSE est profondément ancré dans la réalité, se développant au gré de circonstances plus ou moins fortuites. Les trois destins s’inscrivent dans la marche d’un temps rythmé par les communiqués d’une station de radio annonçant sa disparition prochaine, et par la présence récurrente des images du pont sur le Danube, symbole d’une transition historique obligée et d’une transformation intérieure nécessaire. Gavrilo, Anica, Biljana et les autres vont apprendre à aller de l’avant, même si les blessures du passé ne sont pas encore toutes cicatrisées. On semble toutefois s’acheminer vers ce qui pourrait être une forme d’apaisement, d’optimisme mesuré.

La direction des acteurs (parfaitement maîtrisée dans sa retenue), l’utilisation de la bande sonore (quelques séquences musicales discrètes) et le montage (classique, efficace, emploi judicieux de l’ellipse) font de ce film une excellente surprise.

Note: 16

Antoine Rochat