Muse (La)

Comédie plaisante, presque familiale, LA MUSE pourrait s'offrir comme une satire à plusieurs tiroirs. Elle rit du fonctionnement de l'industrie hollywoodienne, des scénaristes célèbres dépourvus d'inspiration (Martin Scorsese en personne s'y présente comme tel), des époux attachés à leur titre de chef nourricier de la famille, des ménagères qui veulent changer de rôle, etc. etc. Le pire des drames est vécu par Steven Phillips (Albert Brooks). Ecrivain renommé, le voici mis à la porte des studios californiens. Trop vieux, idées ternes. Tel est le chant grinçant que la guillotine siffle à ses oreilles. La seule parade possible lui vient d'un ami scénariste, faire appel à une muse. Celle-ci existe bel et bien, se nomme Sarah (Sharon Stone) et cultive le goût du luxe. Les dépenses effrénées de Steven intriguent sa femme, Laura (Andie MacDowell). Au passage, elle va saisir l'occasion de développer à son tour quelques-uns de ses talents. Les deux actrices composent leur personnage dans un duo sympathique et inattendu. Le sixième film d'Albert Brooks est construit sur une base de naïveté et un humour discret, dont les meilleures trouvailles ne sont pas celles qui impliquent directement l'histoire.

Au-delà du bon moment que l'on passe avec de joyeux individus à peine fous, la question reste posée de la démarche du réalisateur-acteur. Satire vraiment, ou gentille farce? On ne peut pas dire que Brooks prenne réellement ses distances par rapport aux studios qui le font vivre. Et s'il sait éparpiller une juste dose de drôleries pour cadrer son histoire, il ne semble égratigner l'industrie du cinéma que pour mieux y revenir.