Pas facile de transcrire à l’écran ce qui fait le charme d’un livre, en l’occurrence La délicatesse de David Foenkinos, roman bref, truffé de digressions loufoques et ludiques, de réflexions intimes et pudiques, parfois hilarantes, des personnages. David Foenkinos a choisi de s’atteler lui-même à l’adaptation de son best-seller (800’000 exemplaires vendus à ce jour) avec la complicité de son frère Stéphane, chef de casting. Il est resté scrupuleusement fidèle au texte, mais ce qui pétillait dans le livre tombe à plat au cinéma et les grands yeux noirs et la grâce enfantine d’Audrey Tautou, d’abord en femme-enfant, puis en femme éprouvée par la vie, ne suffisent pas à donner au film un supplément d’âme.
On n’accroche pas vraiment à l’histoire de Nathalie, «une sorte de féminité suisse», comme le décrit l’auteur en ouverture de son roman, qui tombe amoureuse de François (Pio Marmai). Les deux tourtereaux se marient. Après quelques années, François meurt, fauché par une voiture. Pour Nathalie, le temps s’arrête. Les années passent. Un jour, sur un coup de tête, elle embrasse l’un de ses collègues (François Damiens), le plus insignifiant de tout le bureau où elle travaille. Ce qui surprend le jeune homme un peu balourd, et l’étourdit. Il se met à perdre le sommeil et décide, envers et contre tout, de conquérir la jeune femme, si inatteignable soit-elle, même pour son patron qui tente en vain de la draguer. Suit le lent apprivoisement de ce couple improbable, sur la jolie musique d’Emilie Simon. Les décors et les costumes, très années 60, n’ajoutent rien à cette chronique des comportements amoureux, qui s’étire et n’en finit plus.
