Retour sur terre

Affiche Retour sur terre
Réalisé par Pierre Lacourt
Pays de production
Année 2011
Genre Divers
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 648

Critique

Le cinéaste suisse Pierre Lacourt a posé sa caméra dans une station-service de Genève, histoire de s’arrêter dans un haut lieu de la consommation énergétique. Evoquant les bons problèmes et posant les bonnes questions, il entraîne dans ses interrogations écologiques Alain Cheneval, le pompiste, et il convie des experts sur place: l’endroit devient alors une sorte de microcosme symbolique où l’argent et l’énergie (liquide) se croisent au quotidien. Quelques schémas explicatifs, quelques scènes ludiques se glissent dans le film, mettant en images nos petits problèmes de confort et notre dépendance vis-à-vis de l’or noir…

Les intervenants sont nombreux: Yves Miglietti, géologue et physicien; Benoît Molineaux, physicien et pédagogue; Michael Kaufmann, dir. Programme SuisseEnergie; Isabelle Chevalley, prés. Ecologie libérale; Jacques Grinevald, philosophe et historien des techniques; Dominique Bourg, philosophe et spécialiste des questions environnementales (UNIL); Jacques Ridoux, auteur de «La Décroissance pour tous». Tous font part de leurs constats, plus ou moins rassurants.

Les interventions sont claires, bien ciblées, et l’on en reste à un excellent degré de vulgarisation intelligente. Le ton est ferme et l’optimisme mesuré: «On a quinze ans devant soi, c’est peu. On arrive à un goulet d’étranglement… Il faut donner au mot ‘richesse’ un nouveau sens… L’Etat doit intervenir et régler l’économie. Il faut réfléchir à une forme de décroissance…»

Au tournant de ce parcours initiatique, le film quittera la ville pour s’en aller découvrir une communauté rurale (Claudia et ses enfants, et les bergers de Fermes communautaires libres) qui a fait le choix de la frugalité volontaire, plutôt que de subir les conséquences d’une sevrage énergétique brutal. Mais là aussi tout n’est pas simple…

RETOUR SUR TERRE est un documentaire précis dans sa démarche et large dans sa réflexion. Les solutions à la crise future sont évoquées (on en connaît une partie), le ton se veut persuasif sans glisser vers un didactisme autoritaire. Des questions originales sont posées, comme celle-ci: «La société démocratique que nous connaissons est-elle soluble dans un monde où l’énergie devient rare, c’est-à-dire dans une économie de rationnement?»…

Note: 13

Antoine Rochat