Critique
Avec son troisième long métrage, Julie Delpy filme l’interminable repas d’anniversaire d’une matriarche (Bernadette Lafont, permanentée comme les mamies d’autrefois) et de sa famille recomposée, dans un jardin verdoyant en Bretagne. On a droit aux franchouillardises des uns et des autres, aux plaisanteries en dessous de la ceinture, aux engueulades politiques entre les artistes gauchistes venus tout exprès de Paris et certains réacs de la famille, anciens de la guerre d’Algérie, mais aussi aux piques entre jeunes féministes et machos «graves».
Ces agapes familiales se déroulent en juillet 1979, à la veille du basculement de la France à gauche avec l’élection de François Mitterrand, mais aussi au moment où l’on craignait que la station Skylab, mise en orbite par les Américains six ans auparavant, ne s’écrase en Bretagne. Après le repas, la tribu s’en va à la plage, où les compères qui se jettent à l’eau vont mater les nudistes d’à côté, ce qui nous vaut un épisode lourdingue.
La journée de cette tribu est vue à travers les yeux de la petite Albertine (Lou Alvarez), 12 ans, qui est en train de se muer en adolescente et découvre ses premiers émois grâce à un ado, DJ à ses heures, tout à fait craquant avec ses yeux bleus, sa crinière blonde et sa bouche pulpeuse. En 1979, Julie Delpy avait 10 ans; on ne peut s’empêcher de penser que cette chronique acide, tendre et réaliste d’une époque et d’une famille est autobiographique. Julie Delpy a alterné séquences au ras des pâquerettes et portraits croqués avec humour. Si vous supportez les interminables repas à la française qu’aucune histoire de famille ne sous-tend véritablement, ne vous privez surtout pas! Mais sachez que le menu est un peu lourd...
Note: 8
