Réalisé par | Jean-Marc Moutout |
Pays de production | France, Belgique |
Année | 2010 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | frenetic |
Acteurs | Jean-Pierre Darroussin, Xavier Beauvois, Yannick Renier, Valérie Dréville, Laurent Delbecque |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 644 |
De bon matin, comme tous les matins depuis tant d’années, Paul Vertret (Jean-Pierre Darroussin) se prépare méticuleusement, embrasse sa femme endormie, quitte la maison et se rend dans les bureaux de la banque au service de laquelle il a consacré son intelligence, ses talents et sa vie. Et c’est le drame! Il sort une arme et abat deux supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente de l’issue fatale, cet homme irrémédiablement seul passe en revue les événements de sa vie professionnelle et privée qui l’ont amené à commettre l’irréparable. Pourquoi s’est-il senti à ce point acculé, sans échappatoire possible?
Sans déclaration tonitruante ni discours militant, en se mettant juste au cœur de l’humain et du désespoir absolu de cet homme, Jean-Marc Moutout, dans son troisième long métrage, échappe à la simple narration d’un fait divers et parvient à réaliser un drame social fort et dérangeant. Avec une extrême économie de moyens dans la mise en scène, pratiquement pas de musique, des couleurs froides et sombres, il poursuit son exploration des dérives du monde moderne.
C’est tout le remuement, la mise en perspective d’échecs successifs, d’humiliations subies, d’incompréhension, de manque de communication qui forment le matériau du film. On assiste à la lente descente aux enfers d’un homme seul, intègre, exigeant avec lui-même et les autres, mû par la volonté irréductible de ne jamais accepter les petits arrangements et compromis. Il incarne jusqu’à l’excès une certaine idée de la morale d’entreprise.
Les soupapes de sécurité, sociales et familiales qui fonctionnent habituellement et balisent notre quotidien pour aider à digérer amertumes, frustrations et échecs, n’ont pas joué pour lui. Cette histoire met en évidence les changements de cultures d’entreprise qui aboutissent à un milieu professionnel impitoyable, véritable machine à broyer où l’intelligence, les compétences et l’engagement ne sont pas forcément gages d’avancement.
A l’écran dans chaque plan, Jean-Pierre Darroussin en homme brisé réussit une performance d’acteur remarquable de justesse. Xavier Bauvois également est excellent dans le rôle de directeur médiocre, consensuel et veule.
Librement inspiré par un fait divers survenu en Suisse en 2004, De bon matin est d’une actualité percutante.
Anne-Béatrice Schwab
Nom | Notes |
---|---|
Anne-Béatrice Schwab | 15 |
Georges Blanc | 16 |
Daniel Grivel | 15 |