Critique
Dans le Paris occupé de 1942. L’immigré algérien Younes (Tahar Rahim) fait du marché noir, tandis que son cousin Ali (Farid Larbi) s’est engagé dans la Résistance. Younes est arrêté par la police. Pour sauver sa peau, il accepte d’espionner ce qui se passe à la Mosquée. Ce lieu superbe, qu’anime le Recteur Ben Ghabrit (Michael Lonsdale), est fréquenté par toutes sortes de gens - des Juifs pourraient s’y cacher -, dont le chanteur arabe Salim Halali (Mahmoud Shalaby). Younes se lie d’amitié avec lui et, peu à peu, réfléchit au sens de ses activités.
Le deuxième long métrage d’Ismael Ferroukhi semble jouer les préludes de HORS LA LOI (2010) de Rachid Bouchareb. Tous les deux parlent des Maghrébins qui vivaient à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils formaient une communauté d’hommes, qui, en même temps qu’ils luttaient contre le nazisme, lançaient le long combat pour l’indépendance de leurs pays.
Un peu ankylosé par un scénario et une mise en scène convenus, LES HOMMES LIBRES offre l’intérêt de porter cette vérité peu connue, aidé par une reconstitution soignée et l’apport de l’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie coloniale et de l’immigration en France. Ismael Ferroukhi éclaire des personnages ambigus de cette période, comme Ben Ghabrit, résolu à sauver des Juifs tout en recevant Allemands et pétainistes. Plus qu’à un plaisir de cinéma, son film convie à relire ces lieux négligés par l’histoire. On y découvrira une communauté maghrébine fière d’elle-même, qui a su se battre pour son autonomie, alors que le colonialisme et l’immigration l’avaient enfermée dans la misère.
Note: 12
Geneviève Praplan