Enfants de la balle (Les)

La cinéaste Barbara Erni suit le Cirque Helvetia à travers la Suisse romande, depuis la conception des numéros du spectacle jusqu’à la fin de la tournée annuelle. Un voyage dans le temps et dans l’espace qui raconte la vie des artistes, leurs joies et les difficultés rencontrées durant les 240 représentations d’une saison. Une réalisation qui a été une entreprise cinématographique de longue haleine.

Dans LES ENFANTS DE LA BALLE, la parole est donnée à chacun. D’abord à la famille Maillard, qui dirige le Cirque Helvetia depuis 1978: on fait connaissance du père, Daniel, directeur et magicien, de sa femme Brigitte, trapéziste et directrice artistique avisée, et de leurs deux enfants Julien et David (15 et 17 ans), qui sont déjà de vrais professionnels. On croise ensuite les autres artistes: clowns, jongleurs, trapézistes, magiciens, qui participent souvent à plusieurs numéros. Toutes les séquences qui leur sont consacrées obéissent à un montage thématique et temporel bien maîtrisé. Le récit court sur la saison, la réalisatrice questionne discrètement, les images (excellentes) font le reste. Le spectacle est dynamique, coloré, et les numéros présentés de grande qualité.

A côté des artistes, il y a aussi ceux qui travaillent hors de l’arène: les musiciens, les maquilleuses, les employés du cirque, les spécialistes de la construction du chapiteau - un monde cosmopolite, où l’on parle beaucoup de langues. Et la caméra se tourne aussi du côté du public, dont on rappelle au passage qu’il est toujours plus exigeant voire blasé…

Au-delà de cette description intéressante d’une vie communautaire apparaît souvent, comme en filigrane, une réflexion sur le sens à donner à l’existence, sur la possibilité que l’on a (ou pas) de se ménager un mode de vie «hors normes», hors de la sécurité financière que peut offrir la société. Les membres du Cirque Helvetia - le film le dit clairement - ont choisi une existence difficile, relevant le défi de vivre sans avoir l’assurance du lendemain. Chacun assume sa part de rêve, contre vents et marées, en faisant fi de la fatigue et des rigueurs du climat, en repartant à zéro chaque année.

Le documentaire de Barbara Erni donne une place prioritaire aux images, les commentaires se limitant à souligner, avec doigté, ce qui est montré. A cela s’ajoute une autre qualité: alors que le cinéma en général parle souvent du monde du cirque (côté spectacle), il est en revanche assez rare qu’il nous donne l’occasion d’en visiter les coulisses. Une découverte que LES ENFANTS DE LA BALLE nous permet de faire.