All That I Love

Affiche All That I Love
Réalisé par Jacek Borcuch
Pays de production Pologne
Année 2009
Durée
Musique Daniel Bloom
Genre Drame, Musical, Comédie
Distributeur cineworx
Acteurs Mateusz Kosciukiewicz, Olga Frycz, Jakub Gierszal, Andrzej Chyra, Anna Radwan
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 642
Bande annonce (Allociné)

Critique

La Pologne, il y a trente ans. Les premières images du film, tremblotantes, sur fond de grisaille et de crise économique, datent de 1981. Ce sont les signes annonciateurs des changements à venir: Solidarnosc, porteur de grands espoirs, vient d’être créé. Il faudra pourtant attendre encore huit ans - Jaruzelski et son régime totalitaire vont reprendre en mains le pays - pour assister à la véritable naissance de la nouvelle Pologne.

Pour Janek (Mateusz Kosciukiewicz) et ses copains de lycée, la «grande Histoire» de leur pays (grèves, manifestations et loi martiale) se déroule en arrière-plan de leurs préoccupations personnelles. L’essentiel pour eux - ils sont jeunes -, c’est de faire de la musique (punk-rock) et de vivre leurs premières passions amoureuses. Mais leur monde idéal va se heurter à celui des adultes: le père de Janek est un officier communiste, et le voisin un policier du régime. Quant à la mère de Janek, elle est inscrite à Solidarnosc, tout comme les parents de Basia, la petite amie de Janek. Les conflits seront constants, la musique ne plaît pas aux adultes, pas plus que les slogans des morceaux (anarchy! no future! je vais tuer vos idéaux!) aux autorités…

Le cinéaste Jacek Borcuch avait 11 ans en 1981: «La loi martiale a fait partie de ma vie d’adolescent. Nous partagions le sentiment d’avoir un ennemi commun, et que nous pouvions gagner toutes les batailles.» On reprochera peut-être au réalisateur d’avoir donné, dans All that I Love, trop de place aux aventures sentimentales des ados, ou à leur musique - dont on sait par ailleurs quel rôle subversif elle a joué dans la résistance au régime -, mais tous les personnages sont bien dans leur peau. Cette chronique politico-sentimentale, un peu nostalgique et amère, a su trouver un ton adéquat, s’appuyant sur une mise en scène - parfois un peu apprêtée - qui joue intelligemment sur les contrastes (huis clos des locaux, horizons ouverts des plages).

Le cinéma polonais, ces dernières décennies, s’est fait rare sur nos écrans. On se réjouira donc de découvrir le 3e long métrage (le premier qui soit distribué chez nous) du jeune cinéaste Jacek Borcuch. Voilà un cinéma qui s’intéresse à nouveau à la Pologne, dans un retour à un contexte social fort qui ancre les films dans l’histoire du pays. Une sorte de «nouvelle vague», dans la tradition des Kieslowski et Wajda, et cela après une longue période de disette, le cinéma polonais étant resté pendant près de vingt ans à la traîne des productions de divertissement made in USA.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14