Critique
Voici un film d’art et d’essai qui invite, un mois durant, à partager la vie du jeune couple formé par Sophie et Jason, perturbé par les à-coups de l’espace-temps. Pourtant rien, hormis la monotonie de ces deux trentenaires qui estiment leur horizon bouché et leurs rêves envolés, ne semblait les préparer à une trame qui dérape, se fige, reprend, tout cela articulé autour des réflexions d’un chat abandonné que l’on entend en voix off et que le couple devrait adopter et récupérer à la fin dudit mois. Au début, tout paraît donc normal, pourtant une reproduction accrochée au mur, «Relativité» de Maurits Cornelis Escher, signale que l’impossible pourrait survenir de façon impromptue.
Miranda July (Sophie) et Hamish Linklater (Jason) expriment fort bien, chacun à leur manière, le trouble qu’ils éprouvent face à un réel qui leur échappe, au point que leur sentiment devient contagieux. En enfilant un T-shirt, Sophie se transforme en créature digne des Mummenschanz, alors que Jason permet aux flux et reflux de la mer figée de retrouver leurs rythmes normaux et à la vie de reprendre son cours. Autant dire que l’absurde et le poétique font bon ménage dans cette réalisation qui ne conterait qu’une fable si l’espace-temps ne connaissait vraiment pas de tels ratés angoissants. Toutefois, il est des fables porteuses de dérangeantes vérités. Non?
Note: 13
Serge Molla
