Mangrove

Après LA VRAIE VIE EST AILLEURS (2007), voici leur deuxième long métrage. La scénariste Julie Gilbert et le réalisateur Frédéric Choffat signent MANGROVE, film dans lequel ils donnent avant tout la parole à l’image. Une Française (Vimala Pons) arrive avec son petit garçon (Solal) dans une région perdue du Mexique. On comprend très vite qu’elle connaît cette plage déserte et la mangrove qui la ronge. Elle pourrait bien connaître aussi les Indiens vivant dans ce début de forêt vierge qu’elle sillonne en pirogue, sans jamais se perdre.

Les deux auteurs suisses racontent à leur manière le drame subi, quelques années plus tôt, par cette jeune femme. Ils la ramènent sur les lieux où elle a vécu, afin qu’elle puisse faire son deuil et tourner la page. A leur manière, c’est-à-dire sans compromis, avec des moyens légers, un appareil photo plutôt qu’une caméra qui, tout en limitant les frais, les laisse se rapprocher au maximum de leur sujet. Vimala Pons exceptée, tous les acteurs sont des amateurs: ce sont les gens qui habitent la mangrove et leur présence introduit le documentaire dans la fiction.

«C’est un film organique», précisent Julie Gilbert et Frédéric Choffat. C’est vrai; l’épaisse végétation, la touffeur de la mangrove emplissent des plans sensuels qui n’ont qu’un défaut, celui d’abuser du flou. C’est leur façon de ramener le passé à fleur de regard et d’expliquer les brumes qui encombrent l’âme de la Française. Quant à l’histoire, elle est ténue, tacite, un brin trop conceptuelle ce qui, finalement, la fait manquer de force. Les auteurs citent à juste titre Pasolini: «L’art, c’est la résistance au divertissement.» On sent fortement chez eux ce besoin artistique et l’on s’en réjouit. Mais il faudrait y ajouter un peu plus de spontanéité.

Note: 12