Yannis (Thibault Le Guellec), 14 ans, vit sur une petite île grecque encore un peu sauvage avec son père (Emir Kusturica), pêcheur hirsute et irascible qui s’enferme dans un mutisme hostile depuis la mort de sa femme. Yannis passe ses journées à remmailler les filets de pêche de son père et à vagabonder sur son île. Un jour, en échange de la croix en or qu’il a héritée de sa mère, il peut emmener un drôle d’oisillon qu’il a découvert dans la soute d’un navire marchand et le sauver d’une mort certaine. Il le ramène sur son île et le cache dans une remise. Un moine habitant l’île lui apprend que cet oiseau au long bec, pourvu d’un drôle de cou qui se gonfle quand il avale un poisson, est un pélican blanc. Yannis le nourrit et l’entoure de sa tendresse de gosse abandonné à lui-même.
L’oiseau prend de l’envergure et il est de plus en plus difficile à l’adolescent de le cacher à son père. Comment ce dernier réagira-t-il quand il découvrira que son fiston a échangé le pélican contre le bijou de sa femme? De quelle fureur colossale sera-t-il pris? Dès les premières images du film, on s’attache à l’adolescent au sourire timide et désarmant et à son drôle d’oiseau et l’on est sous le charme des paysages idylliques - trop? - des îles grecques de Milos et Sifnos, où Olivier Horlait a choisi de tourner son film. J’ai craqué devant ce pélican dès les premières images, quand on le découvre déplumé, pataud et câlin, et l’on tremble quand il prend enfin pour la première fois son envol au-dessus de la mer avec une grâce presque magique.
Le film est une adaptation d’un roman d’Eric Boisset, auteur français qui écrit pour les jeunes et avoue avoir une passion pour les îles grecques, les olives noires et l’ouzo! Ce film sur l’amitié entre un enfant qui doit prendre son envol et un oiseau, mais aussi sur les relations difficiles d’un père et de son fils, a quelque chose d’émouvant: on y rit, on y écrase une larme, on s’émerveille, on s’inquiète, on se laisse prendre par cette histoire d’amitié. Le film repose en grande partie sur un jeune acteur débutant, Thibault Le Guellec, et sur les talents étonnants d’un pélican et d’une chèvre apprivoisés. Le film aurait toutefois supporté d’être un peu plus court.