The Guantanamo Trap

Affiche The Guantanamo Trap
Réalisé par Thomas Selim Wallner
Pays de production Suisse, Canada, Allemagne
Année 2011
Durée
Genre Documentaire
Distributeur colombus
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 639

Critique

Dans ce documentaire, le cinéaste allemand Thomas Selim Wallner s’attache aux pas de trois personnes dont les destins se sont croisés dans le camp de prisonniers de Guantanamo Bay, à Cuba.

Il y a d’abord Murat Kurnaz, jeune Turc qui a vécu son enfance en Allemagne. Arrêté en 2001 au Pakistan - il avait 19 ans et s’intéressait à l’islam -, il fut accusé d’être un taliban. Vendu par la police locale (contre prime) à l’armée américaine, il restera détenu à Guantanamo pendant cinq ans pour de prétendus liens avec les attentats du 11 septembre.

Il y a ensuite Diane Beaver, brillante avocate militaire américaine. En 2002, elle est chargée de rédiger, pour le Département d’Etat, une analyse des techniques d’interrogatoire juridiquement applicables en temps de guerre. Suite aux polémiques liées à l’emploi de la torture, elle servira de fusible au gouvernement américain qui se débarrassera d’elle sans scrupules.

Il y a enfin Matt Diaz, jeune avocat de la marine qui, travaillant à Guantanamo, a livré les noms de plusieurs détenus à une organisation de défense des droits de l’Homme, à New York. Traitements inhumains et détentions illégales violant le droit international, il s’était senti obligé d’agir, mais sera trahi par ladite organisation humanitaire. Menacé de passer en cour martiale, il restera incarcéré pendant six mois.

A ces trois personnes, le cinéaste en ajoute une quatrième, Gonzalo Boye, un avocat espagnol qui a décidé de mettre en accusation le gouvernement Bush lui-même pour détention illégale, crimes de guerre et torture. Victime par le passé des exactions de la police madrilène, Boye passa plusieurs années en prison. Mais il se heurtera, dans sa démarche juridique, à beaucoup plus fort que lui…

Le film raconte l’histoire de ces quatre vies à jamais changées par l’existence de Guantanamo. Les différentes séquences sont montées en parallèle, sans qu’il y ait nécessairement une relation étroite entre elles: la chronologie et les thématiques constituent le fil rouge de ce documentaire bien maîtrisé mais pas très réjouissant. Construisant son film sur les interviews des protagonistes, utilisant un matériau d’archives important auquel il ajoute des images choisies dans les existences actuelles des quatre personnages, Thomas Selim Wallner a le mérite de proposer une réflexion complexe, intéressante et bien structurée sur les méthodes appliquées dans le territoire «sans lois» de Guantanamo, et sur leurs «effets collatéraux». L’argumentation est précise, sans manichéisme, et les portraits des protagonistes - désormais sans travail et marqués par leur passé - font partie de ceux qu’on oublie difficilement.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 13