Critique
A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, ce film philippin est une sorte de «forest movie». Pour faire soigner sa sœur par un chaman, Angkarang se met en route avec elle transportée sur un hamac. C’est l’occasion de découvrir le paysage, la religion et les mythes palawans. Chaque personnage va, tout en venant en aide à Angkarang et sa sœur, rencontrer son destin ou plutôt son «instant karma», comme l’indique le concept indigène palawan «busong». Avec une économie de moyens et toute absence de prétention, cette réalisation livre parfois d’étonnantes séquences. Les documents anthropologique et esthétiques s’y marient alors avec beauté, tout particulièrement lorsque l’homme et la nature ne font plus qu’un.
Seul un réalisateur, descendant d’une lignée de chamans, pouvait permettre à des étrangers - ne s’identifiant pas à l’homme blanc qui s’accapare l’île - de découvrir les traditions magiques d’une population aujourd’hui méprisée.
Serge Molla