Critique
«Quand on se sent étranger dans son pays, mieux vaut être étranger à l’étranger.»
Dans la situation étouffante de l’Iran d’aujourd’hui, une jeune avocate, épouse d’un journaliste passé dans la clandestinité, se voit retirer sa licence de travail. Enceinte de quelques mois, elle va tenter à la fois d’avorter et de fuir à tout prix le pays.
Remarquablement réalisé, dans des tonalités sombres, noires, bleues et cendre, AU REVOIR étreint le spectateur par l’absence d’échappatoire à l’enfermement.
Kafka est passé par là. Chaque démarche doit être accompagnée d’un bakchich avec l’illusion de pouvoir faire avancer les décisions toujours reportées, obtenir des rendez-vous, avoir des réponses aux questions. Les protagonistes se heurtent toujours au mur de la pression exercée par un pouvoir omniprésent et s’insinuant dans tous les recoins de l’existence sociale et individuelle. Comment donner la vie à un enfant dans un tel monde, surtout si le diagnostic prénatal annonce un handicap? Un monde qui confisque toute velléité de liberté à des jeunes gens beaux, intelligents et diplômés. Pas de trêve, pas de respiration, pas de possibilité de faire confiance à quiconque, pas moyen d’échapper à la menace sournoise d’une arrestation.
Et pendant que son film était présenté à Cannes, le réalisateur était assigné à résidence, interdit de sortie de son pays.
Ancien membre
