Réalisé par | Li Hongqi |
Pays de production | Chine |
Année | 2010 |
Durée | |
Musique | Zuzhou Zuoxiao, The Top Floor Circus |
Genre | Drame |
Distributeur | Capricci Films |
Acteurs | Junjie Bai, Naqi Zhang, Jinfeng Bai, Ying Xie, Wang Hui |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 637 |
Il aura fallu, faute de distributeur courageux, que les cinémas Spoutnik (à Genève) et Zinéma (à Lausanne) prennent en charge eux-mêmes les projections du dernier Léopard d’Or (et Prix de la FIPRESCI) du Festival de Locarno, Winter Vacation. Un film chinois hors du commun, original et, disons-le tout net, difficile. Ceci expliquant peut-être cela…
Un très long plan fixe, une place déserte et crépusculaire entourée de HLM glauques, dans un village perdu du nord de la Chine. En arrière-plan sonore, un porte-voix rabâche inlassablement une annonce commerciale, tandis qu’au loin claquent régulièrement des coups de feu. Stand de tir? Ecole militaire? Fusillade? On ne le saura jamais, mais le ton est donné. Apparaîtront quelques adolescents désœuvrés, des laissés-pour-compte qui traînent, se disputent, se rackettent les uns les autres. On croisera aussi un grand-père menaçant son petit-fils - pourtant plus que paisible - de lui faire «botter les fesses par son oncle», ou une femme qui tripote et achète des choux sur le marché en faisant baisser les tarifs de façon éhontée. Dans un bureau voisin miteux, on règle un divorce en deux coups de cuillères à pot. Bref, c’est pas la fête... et ce dernier jour de vacances d’hiver est pour le moins morose, sinon franchement sinistre.
Sur ces personnages «taiseux» et résignés, cruels parfois les uns avec les autres, le cinéaste Li Hongqi pose un regard incisif. Son discours est clair: l’horizon est aujourd’hui bouché, la violence sociale latente et la souffrance quotidienne. Tout cela est dit d’une manière originale, sur un ton qui est celui de l’humour absurde, du rire qui glace, tout au long de séquences statiques étirant la durée à l’extrême limite de la résistance des plans et du spectateur. Le sourire a le temps de s’étrangler dans la gorge.
Poésie corrosive, répliques cinglantes ou lourds silences, musique grinçante et chansons étranges, décors rouillés et façades délavées, utilisation (intelligente) du hors champ sonore, Winter Vacation témoigne d’une très grande maîtrise formelle, mais sa lenteur radicale ne fait aucun cadeau au spectateur.
Antoine Rochat
Nom | Notes |
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Antoine Rochat | 12 |