Critique
HOLY SMOKE, littéralement, veut dire «sainte fumée». Il s'agit en fait d'un juron, ou en tout cas de l'expression d'une grande stupéfaction. Et stupéfait, il y a de quoi l'être quand on voit un désenvoûteur états-unien, P.J. Waters (toujours surprenant Harvey Keitel, chevelure et moustache passées au cirage noir), tomber sous l'emprise de la pulpeuse Ruth (Kate Winslet), jeune Australienne qu'il est chargé de déprogrammer spirituellement, hypnotisée qu'elle a été par un gourou hindou. Belle illustration du fait que l'esprit est prompt, mais que la chair est faible...
Le film peut intéresser par un certain exotisme: l'Inde vue à travers les yeux apeurés de la mère de Ruth, l'Australie profonde et sa faune - humaine et animale - insolite, des paysages et des couchers de soleil aux couleurs saisissantes, la famille de Ruth non moins haute en couleurs. Mais il oscille désagréablement entre la comédie de moeurs et le drame psychologique, sans prendre franchement parti pour l'un ou pour l'autre genre, ce qui fait que l'on s'en va avec un sentiment d'inachevé. Jane Campion est meilleure en leçon de piano qu'en donneuse de leçons anti-sectes.
Daniel Grivel