The Tree of Life

Affiche The Tree of Life
Réalisé par Terrence Malick
Pays de production U.S.A.
Année 2011
Durée
Musique Alexandre Desplat
Genre Drame, Fantastique
Distributeur elitefilms
Acteurs Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter McCracken, Joanna Going
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 637
Bande annonce (Allociné)

Critique

 Depuis Le nouveau monde (2005), Terrence Malick faisait patienter les cinéphiles et entretenait leur curiosité… Résultat des courses? The Tree of Life, chronique familiale mâtinée d’une réflexion d’ordre cosmique, n’est ni le chef-d’œuvre annoncé, ni l’échec que d’aucuns avaient programmé.

Terrence Malick sait que ses films sont toujours très attendus. Cinéaste un peu «culte», au demeurant peu prolifique (cinq films en près de quarante ans), il occupe une place très à part dans le monde cinématographique étasunien.

Son cinquième film s’inscrit dans la même ligne que les précédents. Il s’ouvre sur quelques personnages et sur une suite d’images venues du ciel, du centre de la terre et du fond de la mer, des images que l’on retrouvera tout au long de The Tree of Life, film empli d’éruptions de volcans, de ballets de méduses, de levers ou de couchers de soleil sur horizon planétaire. Des images superbes, mais elles ont un air de déjà-vu… Haroun Tazieff, Jacques-Yves Cousteau et Stanley Kubrick ont déjà passé par là, et des séquences ont été empruntées à Yann Arthus-Bertrand et Jacques Perrin.

Inutile de chercher trop vite à établir des correspondances étroites entre cette présentation du cosmos et les réflexions personnelles de Jack (Sean Penn), un homme que l’on découvre dans les couloirs d’un building new-yorkais. Un retour en arrière nous renvoie au Texas des années 50, dans une famille de la classe moyenne: Jack se souvient de son père O’Brien (Brad Pitt), autoritaire, rigoriste et individualiste, qui élève ses trois garçons à la dure, pour les préparer à affronter l’âpreté de leur vie future. En face de lui, la mère (Jessica Chastain), toute de douceur et de silence. Le couple, image de l’antagonisme de la nature (qui impose ses lois) et de la grâce (qui pardonne) - tout au moins est-ce ce que le chroniqueur a cru comprendre… -, et ses trois enfants vont revivre sous nos yeux, à travers ceux de Jack, le temps d’une méditation sur la vie et sur la mort. Père et fils entreront en conflit (sujet assez banal), Jack découvrant, en devenant adolescent, le plaisir de la destruction et de la désobéissance. Voilà pour le synopsis, une histoire ni plus ni moins originale qu’une autre.

Le problème, avec The Tree of Life, c’est l’imbrication complexe et continuelle de notions temporelles et spatiales, avec de constants passages d’un âge à l’autre et une multiplication de scènes qui n’entretiennent que peu de liens entre elles. Il ne faut donc pas chercher à tout prix de fil narratif. Les destinées tragiques des êtres font référence aux images de la naissance du monde, de la vie de l’univers, et les allusions à l’existence de Dieu (très fréquemment invoqué ou pris à partie) font que le film ressemble parfois à une longue prière qui peut titiller l’agacement. Cette odyssée familiale et cosmique (même les dinosaures sont appelés à la rescousse) devient parfois plaisir des yeux, certes, mais cela au détriment de l’émotion et d’un sentiment d’humanité. Et la dernière séquence - celle des retrouvailles «paradisiaques» sur une plage - ne trahit-elle pas une certaine difficulté à conclure?

Malick a toujours réussi, dans ses films, à imposer un monde original, un style personnel, plongeant dans le contexte le plus large qui soit. A chaque fois, la fresque est grandiose, poétique, mais souvent - comme ici - difficile à cerner. Voix et questionnements intérieurs, images surréalistes, poussées mystiques et appel au Créateur, tout se retrouve dans The Tree of Life, y compris les origines de la Terre où les images et les sons se brouillent, où les effets spéciaux picturaux s’épuisent, faisant fi de toute cohérence. Là se situent probablement les limites d’un film souvent emphatique et simpliste qui ne cherche ni logique ni explications psychologiques, mais qui s’efforce de parler du destin d’une famille (y aurait-il là des éléments autobiographiques?) Ce sont d’ailleurs ces moments-là qui sont les plus forts, avec des visages, des instants d’intimité, des moments de douleur chez des êtres qui sont comme perdus au milieu de l’univers.

Tous les acteurs sont excellents, les dialogues - réduits au strict minimum - sont parfaits. La photographie, superbe, et le rythme de la réalisation constituent, si l’on peut dire, le propos même du film.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 13
Georges Blanc 12
Daniel Grivel 11
Serge Molla 14