Bulworth

La meilleure façon d’échapper à la censure commerciale hollywoodienne est de produire soi-même. Quand on a l’imagination de Warren Beatty, la chose ne doit pas être si difficile. L’homme, en tout cas, semble avoir ce qu’il faut pour convaincre, car voici, l’une des plus savoureuses comédies parmi celles originaires des Etats-Unis ces dernières années. Inattendu, sarcastique, burlesque et cousu d’esprit critique, BULWORTH échappe totalement aux conventions. Ni les personnalités politiques, ni les patrons de la finance, ni les considérations raciales, et encore moins les médias ne sont épargnés par cette vigoureuse satire.

Warren Beatty plaide donc coupable pour ce film dont il est à la fois le producteur, le réalisateur, le co-scénariste et l’acteur principal, dans le rôle de Jay Bulworth. Jay est sénateur. Au seuil du marathon qui l’attend pour sa campagne électorale en Californie, il semble au bord de la cassure, n’a ni dormi, ni mangé depuis plusieurs jours et se demande s’il ne vaut pas mieux en finir. Son hésitation se prolonge sur la durée du générique, après quoi, dopé par le contrat d’assurance-vie qu’il vient de si-gner en faveur de sa fille, il prend feu dans la campagne la plus invraisemblable. Son programme électoral devient un discours-vérité qu’il scande sur un rythme du meil-leur effet: le rap, rien que lui, repris au commerce et rendu à César...

Cette politique-là est un régal! On en redemande.