Etrangère (L')

Affiche Etrangère (L')
Réalisé par Feo Aladag
Pays de production Allemagne
Année 2010
Durée
Musique Stéphane Moucha, Max Richter
Genre Drame
Distributeur Stamm Film AG
Acteurs Florian Lukas, Derya Alabora, Sibel Kekilli, Settar Tanr?ö?en, Tamer Yi?it
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 635
Bande annonce (Allociné)

Critique

Umay (Sibel Kekilli), qui ne supporte plus la violence de son mari, quitte Istanbul avec son fils pour rejoindre ses parents à Berlin. Mais elle n’est pas accueillie comme elle le souhaitait parce que son entêtement pourrait entraîner le déshonneur de sa famille. Incomprise, rejetée par son frère aîné et par son père, elle doit fuir à nouveau pour protéger son enfant.

Les crimes d’honneur constituent un fait divers relativement fréquent au sein de la population immigrée en Allemagne. C’est en travaillant pour Amnesty International que Feo Aladag, une cinéaste d’origine turque, s’est penchée sur ce problème. «Je m’intéresse avant tout aux relations humaines qui, pour moi, résument tout ce qui compte dans la vie: la politique, l’éthique, les questions sociales, etc. Il y a quelques années, j’avais été frappée par une série de meurtres commis en Allemagne ‘pour l’honneur’: les victimes étaient des femmes qui avaient tout simplement tenté de s’affranchir du joug familial et social.»

Ces propos de la réalisatrice expliquent pourquoi ce film n’est pas une attaque en règle de l’islam ou le portrait d’une famille d’immigrés turcs. L’étrangère est une œuvre qui s’interroge sur les relations humaines, sur les choix qui peuvent briser des familles et sur le besoin d’être aimé pour ce que l’on est, et pas pour le mode de vie qu’on choisit. Si la réalisatrice raconte le combat d’une femme qui essaie d’échapper à la violence ordinaire, elle montre aussi comment les hommes sont emprisonnés dans des traditions absurdes, qui commandent leurs choix et dont ils sont également les victimes. Scrutant au plus près l’engrenage de la violence, elle cerne ses personnages dans une mise en scène éclairée où chacun trouve sa dimension et ses raisons d’agir. Sibel Kekilli en particulier est sublime dans un rôle de mère prête à tout pour protéger son enfant. Son visage, d’abord imprégné par la tristesse, laisse place à des expressions radieuses lorsqu’elle découvre l’amour et l’indépendance.

Malgré quelques outrances, dans les choix parfois incompréhensibles que cette femme opère ainsi que dans la violence du dénouement de l’histoire, ce film est à la hauteur de sa réputation, tout auréolé qu’il est de plusieurs prix récoltés dans différents festivals.

Georges Blanc

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 15
Daniel Grivel 15
15
Serge Molla 15