Titeuf, le film

Affiche Titeuf, le film
Réalisé par Zep
Pays de production France
Année 2010
Durée
Musique Thierry Blanchard, Nicolas Neidhardt, Moïse Albert
Genre Animation, Comédie
Distributeur jmhdistributions
Acteurs Donald Reignoux, Jean Rochefort, Zabou Breitman, Maria Pacôme, Mélanie Bernier
Age légal 7 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 635
Bande annonce (Allociné)

Critique

Plus attendu que le lapin de Pâques et ses deux longues oreilles, Titeuf et sa mèche unique remuent sur les écrans. Le «tit œuf» fera-t-il des bonds?...

Annoncé par un battage médiatique digne des productions disneyennes et accompagné de produits dérivés itou, voici donc Titeuf, le film. Réalisé par l’heureux père du célèbre blondinet à la houppe, c’est un dessin animé classique (fabriqué en sous-traitance par quelque 700 dessinateurs de 18 studios à travers la planète) donnant du mouvement aux personnages des albums best-sellers. Toute la galerie est là, de la famille aux copains, en Passon par la maîtresse d’arith et le psy; l’ambiance aussi, avec ici et là quelques relents de pipi-caca, comme il se doit, sans oublier le vomi, les postillons et les crottes de nez: tout le timonde de Titeuf tel que le gamin le vit et l’imagine.

Les aficionados retrouveront cet univers avec plaisir: l’esprit de la bande dessinée est bien restitué: les jeunes spectateurs, pour autant qu’ils ne soient pas trop blasés par les prouesses techniques des films d’animation étasuniens où le moindre cheveu frémit (ils pourront d’ailleurs faire l’économie de la version 3D...), les adultes pour la saveur des «mots d’enfants» tant prisés et les perles qui ne sont pas encore celles du bac... Un bémol, relevé par d’autres déjà: la voix et les intonations du héros, prêtée par Donald Reignoux, ne sonnent «pô juste».

Deux ressorts dramatiques sous-tendent la narration et accaparent l’attention de Titeuf: d’une part, ses parents, passant par une crise conjugale, ont décidé de prendre du recul et la maman retourne pour un temps chez sa mère avec la petite sœur; d’autre part, Nadia, l’objet aimé - comme disait Toepffer, père fondateur de la bande dessinée, prépare une fête d’anniversaire avec une copine, et Titeuf ne fait pas partie de la liste des invités. Sur ce double fil viennent s’accrocher des historiettes de plus ou moins bonne venue: au début, rêvassant en classe, Titeuf se voit dans les temps préhistoriques (où l’on rencontre un diplodocus qui semble être sorti tout droit du Voyageur du Mésozoïque de Franquin; dans une autre séquence onirique, Titeuf, qui va tout seul en train rejoindre sa mère pour le week-end, voit apparaître Johnny (ah que c’est bien lui - et quelle présence, même en dessin animé! - avec chapeau de coboille, tatouages et santiags) qui lui dédie une chanson de circonstance. Quelques pointures de la chanson française se sont d’ailleurs mises ensemble pour exprimer les sentiments du moutard à l’égard - ou à l’encontre... - des filles, et les paroles rappellent étrangement les déclarations de Riquet-à-la-Houppe (tiens tiens!) dans Le livre de Blaise. D’ailleurs, au fond, le monde de Titeuf n’est pas sans rappeler la fantaisie escholière de Philippe Monnier, tout simplement dans le langage et les couleurs d’aujourd’hui. D’aucuns ont daubé sur la pruderie de la commission (genevoise, pourtant...) qui a fixé les âges d’admission au film: à vrai dire, on en entend de plus vertes et de moins mûres dans les préaux de nos écoles, émanant de petites têtes aussi blondes que Titeuf...

Dans ses albums vendus par millions (qui, comme ceux de Tintin, deviendront assurément l’objet de pédantes études universitaires*), toutes proportions gardées, Zep fait en somme comme Marine (aïe, il n’aimera pas, mais j’assume) dans ses discours: il dit tout haut, mais avec humour et tendresse, ce que bien des enfants n’osent pas toujours dire tout bas sur leur famille, les copains, les «grands», l’école, ce qu’ils découvrent de la société. Titeuf, le film se laisse voir, mais il ne mérite ni un excès d’éloges ni un surplus de réprobation...

* Ce n’est pas par association d’idées, mais allez voir le dossier pédagogique sur www.e-media.ch, portail de l’éducation aux médias de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande.

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 12