Critique
La chanteuse Nana Caymmi est très connue au Brésil. Fille de compositeur, ex-épouse d’un autre musicien (Gilberto Gil), muse de plusieurs chanteuses (dont Milton Nascimento), amie de nombreux artistes qu’on peut considérer comme des témoins importants de l’histoire de la musique brésilienne des cinquante dernières années, Nana Caymmi a aujourd’hui 70 ans et continue de chanter.
Le cinéaste suisse Georges Gachot est connu pour avoir réalisé plusieurs documentaires intéressants, dont deux (AND THE BEAT GOES ON, 1999, et L’ARGENT ET LE SANG, 2003) sur l’activité humanitaire du pédiatre et violoncelliste Beat Richner au Cambodge (CF nn. 414 et 474). Avec RIO SONATA, il tente de brosser le portrait d’une star de la chanson, faisant appel à des documents d’archives, à quelques séquences «live» de ses concerts, à des séances d’enregistrement. Il fait aussi intervenir de multiples musiciens et amis de la vedette.
Force est de constater qu’il n’a pas réussi à tirer grand-chose de tout ce matériel visuel et sonore: le succès de Nana Caymmi n’est guère expliqué, tout au plus le cinéaste laisse-t-il entendre qu’il est dû aux chansons qu’elle a créées pour les multiples «novelas» à succès de la télévision brésilienne. Le mélomane occidental, lui, peine à s’enthousiasmer et à découvrir quelque chose d’original dans cette suite de chansons sentimentales et finalement assez monotones. La voix de Nana Caymmi est belle, mais les chansons sont très «classiques» et les textes banals.
L’intérêt - limité - du film réside peut-être dans une ou deux séquences où l’on assiste à la naissance d’une chanson, puis à sa reprise quelques années plus tard, mais on regrettera que quelques «fans» n’aient pas été mieux interrogés et amenés à donner leurs avis: ces interviews sont assez décevantes et ce ne sont pas une ou deux images de Rio ou du Brésil qui permettront de comprendre l’engouement du public pour cette artiste de la scène musicale.
Note: 9
Antoine Rochat
