Contre toi

D’où peut bien débouler cette femme hagarde et échevelée? Pourquoi cherche-t-elle à cacher, pendant plusieurs jours, tout ce qui lui est arrivé? Les premières explications ne viendront qu’au compte-gouttes, lorsqu’elle se décidera à déposer plainte et à raconter ce qu’elle a vécu à un policier.

L’intrigue de Contre toi est mince et l’on n’en révélera pas les détails. Une chirurgienne-obstétricienne, Anna Cooper (Kristin Scott Thomas), a été kidnappée et séquestrée par un inconnu (Pio Marmai). Le thème du film sera celui des sentiments qui peuvent naître entre une victime et son bourreau (on appelle cela, paraît-il, le syndrome de Stockholm), ce dernier voulant se venger de la première parce qu’un accident médical récent l’a traumatisé et l’empêche de vivre sereinement.

La cinéaste française Lola Doillon n’aborde pas - le sujet aurait pu être intéressant - la problématique des responsabilités médicales lorsque surgissent de graves complications postopératoires. La réalisatrice focalise uniquement son attention sur le problème de l’empathie qu’une prisonnière (Anna) peut développer à l’adresse de son ravisseur et geôlier, qu’elle a tout lieu de détester. Dès lors, le film se transforme en un simple huis clos, théâtre de multiples confrontations agressives, d’échanges verbaux violents et de heurts physiques. Le spectateur, une fois connues les origines de la haine de l’homme pour cette femme, ne peut que suivre (avec un certain ennui) l’évolution, attendue et sans surprise, des relations entre Anna et son gardien. Les deux acteurs ont beau faire preuve de talent, l’histoire suivra un cours tout tracé.

L’inexistence de vrais repères temporels - quelle a été, tout particulièrement, la durée de la séquestration? -, tout comme l’absence d’un vrai point de vue de la part de la cinéaste ne contribuent pas à donner corps et crédibilité à ce récit.