Jonas et Lila, à demain

Affiche Jonas et Lila, à demain
Réalisé par Alain Tanner
Pays de production Suisse, France
Année 1999
Durée
Musique Michel Wintsch
Genre Comédie dramatique
Acteurs Aïssa Maïga, Jérôme Robart, Natalia Dontcheva, Jean-Pierre Gos, Marisa Paredes
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 381

Critique

Mosaïques de petites pierres aux tons pastels, le dernier film d'Alain Tanner est un regard posé ici, là, et ailleurs, sur la multitude de facettes que présente cette fin de siècle à la jeunesse d'aujourd'hui. Jonas est né en 1975. Lorsque la caméra de Tanner y voyait l'avenir, elle a laissé ouverte la question de savoir ce que serait cet enfant en l'an 2000. Voici venu le temps de la réponse.

A vingt-cinq ans, Jonas termine une école de cinéma. Il n'a pas de travail, mais une épouse, Lila (Aïssa Maïga), Sénégalaise adoptée en Suisse dans la première enfance. Et un ami qui vit à Marseille, Anziano (Heinz Bennent), cinéaste retraité, chez qui il se réfugie lorsqu'il se sent perdu. Jonas et Lila, amoureux depuis l'enfance, poursuivent une route conjugale toute droite. Ils sont ensemble, confiants et solides. Autour d'eux, tout est plus complexe. Et Tanner de cadrer les constats comme ils arrivent. Il y a, en vrac, le manque d'emplois, la difficulté pour l'artiste de se faire reconnaître, la xénophobie, le gaspillage et la montagne de déchets, la perte de l'intimité, le téléphone cellulaire, la pauvreté... Vous ne nous avez laissé que des ruines, reproche Jonas à Anziano. Et le vieil homme de répliquer: on avance avec l'histoire, c'est tout.

Film attachant, le dernier Tanner semble pourtant n'avoir pas avancé avec l'histoire, il n'est pas complètement détaché de l'ambiance soixante-huitarde et c'est peut-être ce qui donne une impression de redites et de longueur à certaines séquences. Il n'empêche que Tanner est un cinéaste lucide, les petits cailloux de sa mosaïque sont vrais et méritent qu'on s'arrête sur chacun d'eux, le temps d'y réfléchir.

Geneviève Praplan