Notre jardin d'Eden

Affiche Notre jardin d'Eden
Réalisé par Mano Khalil
Pays de production Suisse
Année 2009
Durée
Genre Documentaire
Distributeur looknow
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 629

Critique

Un titre étrange, pour un film qui est une excellente surprise. Cette plongée dans les jardins communaux de Bümpliz renvoie très vite à une image de notre monde, pluriethnique et multiculturel. Les propriétaires de ces petits jardins de la périphérie bernoise sont d’origine serbe, bosniaque, croate, kurde, algérienne, italienne, polonaise, suisse bien sûr aussi… Fatima et Ali, Janusz et Aldona, Mahammed et Marguerite, Domenico, beaucoup d’émigrés, de couples mixtes, de solitaires à la recherche d’un coin de terre à eux et qui louent une parcelle pour jardiner, se reposer, boire l’apéro et refaire le monde. Dans cette oasis banlieusarde, les cultures et les habitudes cohabitent, pour le meilleur et pour le pire… Comme il s’agit de veiller à la quiétude des lieux et de prévenir tout débordement, un comité des jardins a été formé: Giuseppe, coiffeur de son métier, en est le président, et c’est à lui de faire régulièrement le tour des propriétés, d’intervenir, d’argumenter, d’obliger les récalcitrants à respecter les lois.

Le regard complice, bienveillant et parfois ironique du réalisateur d’origine kurde Mano Khalil transforme ces petits «coins de paradis» en un microcosme de vie où plaisirs et mélancolie, complicité amicale et solitude se côtoient, donnant naissance à une petite chronique tragi-comique de notre monde. La caméra (intelligente et curieuse) du cinéaste se promène d’un cabanon à l’autre, s’arrête sur les petites terrasses, écoute les récits de ces propriétaires, émigrants pour la plupart, bousculés et cabossés par la vie. Des hommes et des femmes que Mano Khalil a su mettre à l’aise et qui livrent tous des bribes de leur passé, des récits de leur existence chahutée, en laissant s’exprimer leurs sentiments. «Il y a parfois dans la vie des histoires sans happy end», résume Janusz.

Des jardins privés qui sont aussi une sorte de miroir de notre environnement: langues, religions, traditions, tout est différent, et les conflits surgissent pour un rien. Mais des conflits qui trouveront presque tous, démocratiquement, une solution (les difficultés de construction d’un barbecue susceptible de faire rôtir, côte à côte, un agneau et… un porc, sont à cet égard emblématiques!): «Le président Bush dispose de canons pour faire régner l’ordre, moi je n’ai que ma patience! précise Giuseppe, le modérateur de cette communauté. Ma situation est plus compliquée que celle de Bush!»

Chacun hisse le drapeau de son pays d’origine sur sa parcelle, qu’il considère un peu comme un morceau de son ancienne patrie. Il règne pourtant dans ces jardins - au-delà de petits accrochages - une atmosphère de tolérance et de bon voisinage. Accompagnée par un orchestre et une musique slave, une petite fête a été organisée pour tout le monde. La vie continue…

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Georges Blanc 14
Daniel Grivel 14
Antoine Rochat 14