Angèle et Tony

Derrière un titre très ordinaire, Alix Delaporte aborde beaucoup de sujets et s’y prend plutôt bien, dans l’âpre décor d’un port de pêche. A ses côtés, Clotilde Hesme (Angèle) et Grégory Gadebois (Tony) sont remarquables, composant des personnages dont la brusquerie signe la fragilité. Angèle arrive dans un nouveau présent avec un passé qui met des barrières dans sa vie. On le découvre par petites touches, alors qu’elle a rencontré Tony par le biais des annonces roses. Mais rien ne se passe comme prévu et, suivant son impulsion, la jeune femme cherche à se faire embaucher par ce rude marin qui dissimule un cœur très généreux.

La réalisatrice voulait raconter une histoire d’amour, une de plus... Pourtant, voilà qui est fait avec beaucoup de pudeur, beaucoup de délicatesse, grâce à des comédiens formidables et bien dirigés. Un regard attrapé de justesse, une caméra qui prend son temps sur un visage disent les sentiments, les questionnements, les peurs. Ici les silences et les ellipses sont à prendre en compte car ils disent beaucoup. La vie des marins-pêcheurs se glisse entre Angèle et Tony sans les séparer et l’on découvre un monde peu filmé aujourd’hui, qu’Alix Delaporte traite avec réalisme. Cela donne de la force au couple qui, épargné par les artifices des romances habituelles, peut y plonger sa vérité. Angèle et Tony est une histoire simple et attachante, un premier film prometteur.