Réalisé par | Denis Villeneuve |
Pays de production | Canada |
Année | 2010 |
Durée | |
Musique | Grégoire Hetzel |
Genre | Drame |
Distributeur | filmcoopi |
Acteurs | Lubna Azabal, Rémy Girard, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette, Abdelghafour Elaaziz |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 629 |
En abordant et mêlant les thématiques de la guerre, de la filiation et la quête d’identité, ce film âpre et dur s’interroge sur ce qui fait et défait les êtres pris dans la tourmente d’une histoire qui les dépasse ou d’un passé qui les rattrape.
Sur un scénario tiré de la pièce éponyme de Wajdi Mouawad, ce film revient sur la façon dont une famille s’est vue déchirée par une guerre (au Proche-Orient). Tout commence inopinément au Canada lorsque, à la lecture du testament de leur mère Nawal, Jeanne et Simon Marwan reçoivent deux enveloppes, l’un à remettre à leur père qu’ils croyaient mort, l’autre à un frère dont ils ignoraient jusqu’à l’existence. Jeanne décide de se mettre en quête de ce père inconnu (et cru mort) pour en savoir plus sur leur mère distante et ses étranges volontés posthumes. Retour donc au Proche-Orient dont son patronyme est issu mais dont elle ne connaît rien ni personne. Simon la rejoindra bientôt là-bas où se révélera peut-être la vérité sur leur mère et la haine qu’elle portait, et surtout concernant leurs origines. Pour son adaptation au cinéma, le réalisateur a choisi de traiter davantage le thème de la colère et son effet sur les êtres que celui des politiques qui les happent. Les images restent sobres, alors que les pires situations sont évoquées (meurtre politique, représailles, torture, viol, etc.) Nul besoin de voir pour comprendre ce qui porte et déporte, notamment sur ce qui transforma envers et contre tout leur mère en «femme qui chante».
Une très grande force se dégage des images de Villeneuve qui suggère beaucoup avec fort peu. Avec le Liban en toile de fond, il arrive en effet à éviter les caricatures relatives aux oppositions entre musulmans et chrétiens et à montrer comment la victime d’un jour risque de devenir l’assassin du lendemain. Et alors qu’il pourrait jouer du pathos, le réalisateur préfère conduire son spectateur à découvrir avec Jeanne et Simon le passé de la mère, et du coup à relire son mutisme final et leur propre histoire et leur propre fratrie tout autrement. «L’émotion, précise-t-il, ne doit pas être une fin, mais un moyen pour atteindre l’effet de catharsis désiré.»
Comment devient-on soi? A quel prix trouve-t-on son identité? Comment ne pas porter le poids d’un passé méconnu? «Sache d’où tu viens, écrivait James Baldwin. Si tu le sais, il n’y a pas de limite à là où tu peux aller.» C’est en accomplissant jusqu’au bout la mission posthume de leur mère que les frère et sœur jumeaux iront vers eux-mêmes et peut-être ouvriront à nouveau l’avenir que la fumée des incendies familiaux et politiques avait radicalement et tragiquement obscurci.
Ce film a déjà obtenu de très nombreux prix: celui du Meilleur film canadien au Festival du film de Toronto, ceux du Meilleur film au Festival international de Venise et du Public au Festival international du film francophone de Namur, ainsi que le Grand Prix du Jury au Festival du film de Varsovie.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Serge Molla | 17 |
Georges Blanc | 16 |
Daniel Grivel | 17 |
Geneviève Praplan | 15 |