Honeymoons

Affiche Honeymoons
Réalisé par Goran Paskaljevic
Pays de production Serbie, Albanie
Année 2009
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Nebojsa Milovanovic, Jelena Trkulja, Josef Shiroka, Mirela Naska, Bujar Lako
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 628
Bande annonce (Allociné)

Critique

Voici un film qui rappelle à quel point les clichés sont réducteurs. Rien n’est aussi simple que d’aucuns l’affirment. Simple? Il s’agit d’émigrer, pour satisfaire l’envie légitime de vivre mieux. Deux couples sont concernés ici. Le premier est albanais; Nick (Josef Shiroka) et Maylinda (Mirela Naska) quittent le village perdu de Kükes (il n’y a pas encore de téléphone!) pour gagner l’Italie. Le second est serbe; Marko (Nebojsa Milovanovic) et Vera (Jelena Trkulja) veulent aller en Autriche où le mari, violoncelliste, est attendu par l’Orchestre philharmonique de Vienne. Tous ont un visa et des papiers en règle. Toutefois, au moment où ils entament leur voyage, deux soldats de l’ONU sont assassinés à Pristina.

Le film se découpe en trois temps: le couple albanais et son milieu, puis le couple serbe, enfin leurs voyages respectifs. Goran Paskaljevic ne défend pas de cause, il montre, rien de plus. Mais il montre de manière à briser les préjugés. Ses deux couples vivent dans deux régions antagonistes qu’on découvre aussi tragiquement encastrées l’une que l’autre dans des traditions dont la brutalité est d’autant plus invivable qu’on est jeune, intelligent et amoureux.

C’est à une découverte des Balkans que se trouve invité le spectateur, les Balkans, leurs fêtes, leur joie. Pourtant, à côté d’elles, les hargnes racistes comme les conflits familiaux, les deuils jamais assumés, les règles de vie inattaquables deviennent insupportables au quotidien. Paskaljevic n’est pas tendre dans ses portraits. Mais il est juste. Passées les frontières, les mêmes entêtements, les mêmes injustices affleurent partout avec plus ou moins de violence. L’attention accordée aux rumeurs, le goût pour le fait divers, le besoin de se faire justice, l’arrogance d’un discours politique creux, la décomposition de coutumes ancestrales qui n’ont jamais été questionnées, la xénophobie… tout y passe, parce que tout fait partie de la condition humaine et que celle-ci n’a pas de nationalité.

Honeymoons est une œuvre forte, sobre, indispensable et qui, forcément, laisse un sentiment de malaise. Mais elle est aussi profondément touchante, parce qu’elle se situe au cœur d’existences déchirées entre hier et demain. Soit on étouffe en prolongeant le passé, soit on se libère en partant: le futur et l’ailleurs sont les véhicules de l’espoir. C’est tout le problème des migrations.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 16
Daniel Grivel 15