Au-delà

Affiche Au-delà
Réalisé par Clint Eastwood
Titre original Hereafter
Pays de production U.S.A.
Année 2010
Durée
Musique Clint Eastwood
Genre Drame, Fantastique, Thriller
Distributeur foxwarner
Acteurs Matt Damon, Cécile de France, Thierry Neuvic, George McLaren, Frankie McLaren
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 628
Bande annonce (Allociné)

Critique

Avec son dernier film, Clint Eastwood s’aventure sur un terrain difficile, celui de l’évocation d’un «au-delà» et de la mort. L’œuvre est ambitieuse, se veut originale, mais le cinéaste se fourvoie.

A chaque sortie d’un nouveau film de Clint Eastwood, la critique (et Ciné-Feuilles en particulier - voir nos «bilans» de ces cinq dernières années) s’est régulièrement montrée intéressée, ou enthousiaste. De Mystic River (2003) à Invictus (2009) - en passant par Million Dollar Baby, Lettres d'Iwo Jima ou Gran Torino  pour ne citer que trois titres -, chaque réalisation du cinéaste américain s’est toujours accompagnée d’un succès public évident et mérité.

Il fallait pourtant bien qu’un jour… Avec Au-delà, Eastwood peine à convaincre: l’œuvre est ambitieuse, mais mal maîtrisée, et - n’en déplaise à ses «fans» - se situera très nettement, dans sa filmographie, en retrait des autres.

Le réalisateur et son scénariste Peter Morgan ont-ils été tentés par le film «choral»? En ce cas, ils n’égalent ni Iñárritu (Babel) ni Altman (Short Cuts)… Les trois histoires qu’ils tentent de mener de front, dans trois villes différentes, s’enlisent fréquemment: celle de Marie (Cécile de France), jeune journaliste de passage à Phuket lors du tsunami de 2004 et qui n’échappe que par miracle à la mort; celle ensuite du jeune Marcus (Frankie McLaren), qui perd son frère jumeau, être cher et indispensable, lors d’un accident; celle enfin de George (Matt Damon), qui est doté d’un pouvoir surnaturel - celui de pouvoir lire et verbaliser les souffrances d’un défunt, lorsqu’il touche la main d’un proche du disparu. Trois histoires menées parallèlement, pleines de digressions sans significations véritables, laborieusement juxtaposées les unes aux autres pendant près de deux heures et qui ne se croisent que lors d’un final fortuit, peu crédible et mâtiné d’«eau de rose».

Le cinéaste questionne la mort et l’au-delà - démarche peu aisée à visualiser, on est d’accord -, mais les images sollicitées en ce sens restent floues et servent souvent de prétexte à retrouver le terrain d’une émotion facile, tout spécialement au travers du personnage de Marcus (mère alcoolique, placement dans une famille d’accueil, etc.) La qualité du jeu des acteurs n’est pas mise en cause (Matt Damon, très sobre dans son rôle de «médium» victime de ses propres dons, s’en tire particulièrement bien), mais le courant a de la peine à passer.

Avec Au-delà, Clint Eastwood donne l’impression - à mettre à son crédit - d’avoir cherché à faire un film résolument différent des précédents, quittant le terrain où il excelle, celui des relations humaines fortes, des portraits vivants et des personnages attachants et complexes. Il s’agit là d’une incursion inattendue (est-ce le questionnement personnel d’un cinéaste de 80 ans?) et d’une histoire ésotérique et éclatée qui laisse le spectateur sur sa faim. Restent une ou deux scènes assez fabuleuses (celle du tsunami tout particulièrement) et quelques séquences où l’on retrouve la patte d’un grand cinéaste. Mais cela ne suffit pas.

Clint Eastwood est en train de tourner un film sur J. Edgar Hoover (1895-1972), l’ancien directeur du F.B.I. On en prend bonne note.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 12
Georges Blanc 13
Serge Molla 13
Geneviève Praplan 12
Daniel Grivel 12
Anne-Béatrice Schwab 15