Avec son premier long métrage, Florence Jaugey, Française établie depuis 20 ans en Amérique du Sud, nous donne des nouvelles du Nicaragua. Elles sont plutôt déprimantes. L’optimisme militant de ceux qui ont placé tous leurs espoirs dans ce pays, en prend un sale coup. La réalisatrice, qui a tourné de nombreux documentaires, situe sa première fiction dans un quartier pauvre de Managua, gangrené par des gangs qui luttent pour le contrôle de la rue et le trafic de drogue.
Yuma (surnom qui veut dire «la féline») veut être boxeuse professionnelle et s’entraîne dur. Elle habite avec sa mère, l’amant fainéant de celle-ci et ses deux petits frère et sœur, livrés à eux-mêmes. Dans cette masure non loin d’un cours d’eau transformé en déchetterie à ciel ouvert, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne déborde pas d’amour. Yuma est une petite boule d’énergie, animée par une volonté farouche de s’en sortir. La vie pour elle est une lutte de chaque instant même dans sa propre famille, contre l’amant de sa mère qui s’en prend à sa petite sœur. Elle rencontre Ernesto, étudiant en journalisme. Ils viennent de deux mondes complètement différents. Yuma est l’exact contraire d’une «bimbo». Le jeune homme est attiré par cette jeune fille qui ne baisse jamais sa garde. Il l’emmène voir la mer. Mais la romance tourne court.
Le film rappelle fugitivement Million Dollar Baby. La jeune comédienne Alma Blanco donne au personnage de Yuma une fougue rageuse qui subjugue. Elle nous touche irrésistiblement et empêche le film de sombrer dans le misérabilisme et le fatalisme. Ce film a été tourné dans l’urgence et la précarité, mais aussi dans l’enthousiasme d’une équipe désireuse de faire renaître le cinéma nicaraguayen, après vingt ans de silence. On ne peut que saluer cette bienheureuse renaissance.