Home for Christmas

La petite musique nordique de Bent Hamer (La nouvelle vie de Monsieur Horten, 2008), cinéaste norvégien, fait merveille dans ce film attachant qui n’a de prétention que celle de suivre, dans une même ville, différentes personnes plutôt mal dans leur vie, le jour de Noël. Il y a le père de famille que son épouse a quitté pour un autre homme, l’ivrogne qui mendie devant les vitrines décorées, le médecin qui n’ose pas s’engager à avoir des enfants, le couple d’immigrés sur le point d’en avoir un, l’adolescent qui fuit la célébration chez son amie musulmane…

Peu importe, après tout, qui, et quoi. La misère matérielle des uns est psychique ou sociale pour d’autres; s’en sortir demande un courage qu’on n’a plus ou des soutiens qu’on n’a pas. Bent Hamer prend à bras le corps ces personnages et raconte leur Noël en accrochant les unes aux autres les pièces d’un puzzle qui compose une petite communauté. Il tient adroitement le fil de ces morceaux de vies que le sapin illuminé devrait baigner dans le bonheur. De l’humour, une formidable empathie, des touches discrètes de solidarité et pourquoi pas un peu d’espoir? Voilà ce qu’il donne généreusement à ses pauvres héros, dont la peine s’alourdit au fur et à mesure que s’approche minuit.

Dans ce joli concert de tendresse, seules deux séquences tombent à plat. La première évoque un fait divers qui s’est déroulé en ex-Yougoslavie, une vingtaine d’années plus tôt. La seconde - dernière dans le film - en donne la clé. Mais ce qui les lie n’a pas de rapport avec la fluidité et la belle atmosphère du reste qu’elle dérange sans raison. Il y a là une sorte de pardon - la grâce de Noël? - qui ne trouve pas sa place dans ce joli bouquet de destinées en mal de lumière.