Elle s'appelait Sarah

Affiche Elle s'appelait Sarah
Réalisé par Gilles Paquet-Brenner
Pays de production France
Année 2010
Durée
Musique Max Richter
Genre Drame
Distributeur UGC Distribution
Acteurs Michel Duchaussoy, Kristin Scott Thomas, Frédéric Pierrot, Niels Arestrup, Mélusine Mayance
N° cinéfeuilles 624
Bande annonce (Allociné)

Critique

Alors qu’elle va emménager dans un appartement du Marais avec son mari et sa fille, Julia Jarmond (Kristin Scott Thomas), journaliste américaine installée à Paris depuis vingt ans, apprend que les grands-parents de son mari y ont emménagé en août 1942, en pleine Occupation. Ce qui lui met la puce à l’oreille. Qui pouvait bien habiter là auparavant? En investigatrice opiniâtre et rigoureuse, elle mène l’enquête et plonge dans l’horreur des rafles du Vel’ d’Hiv, où furent parqués comme du bétail 13’000 Juifs, avant d’être expédiés dans des camps. La journaliste américaine se rend au Mémorial de la Shoah et y apprend qu’effectivement une famille juive vivait à la rue de Saintonge: si les parents ont été exterminés à Auschwitz, il n’y a pas trace des deux enfants, Sarah et Michel, dans les longues listes de victimes qu’elle épluche. Où ont bien pu passer Sarah et son petit frère? Julia Jarmond poursuit ses recherches qui lui font retrouver la trace de Sarah, qui fut internée au camp de Beaune-la-Rolande en France avant de s’en échapper. En menant son enquête, la journaliste lève le voile sur un secret de famille soigneusement tu, qui lui fait envisager sa propre vie sous un angle nouveau.

En adaptant le best-seller de Tatiana de Rosnay, Gilles Paquet-Brenner emboîte le pas à Roselyne Bosch, qui, avec LA RAFLE, a été la première réalisatrice à lever le voile sur cette page sombre de l’histoire française. Pour montrer à quel point le passé façonne le monde d’aujourd’hui, il a choisi un montage parallèle du destin de Julia, qui se trouve à un carrefour de sa vie, et de Sarah, qui avait 10 ans en juillet 1942 et qui a eu un fils, qu’on retrouve en Toscane, alors qu’il a déjà 50 ans. Du coup, Gilles Paquet-Brenner embrasse l’histoire de quatre générations en alternant sans arrêt deux époques différentes. On s’y perd un peu. S’il a vu un peu trop grand, voulant suivre plusieurs histoires, passées et présentes, en même temps, le réalisateur a par contre parfaitement su éviter le mélo et la profusion de larmes. Son film, grâce notamment à la présence lumineuse et très classe de Kristin Scott Thomas, est tout en pudeur et en retenue. Ce qui donne finalement plus de force à la tragédie qu’il évoque sans complaisance, et au propos qui lui tient à cœur, à savoir que «nous sommes tous le produit de notre histoire» et que la vérité issue du passé a parfois un prix au présent...

Note: 14