Critique
Avec C’ETAIT HIER, Jacqueline Veuve complète et parachève son long métrage LA MORT DU GRAND-PERE, consacré à son aïeul Jules Reymond-Schneider (1863-1954), fondateur d’une fabrique de pierres fines industrielles qui a fait cohabiter à Lucens des populations paysanne et ouvrière. Au commencement, elle montre deux joyaux du patrimoine construit local, le château et la chapelle romande de Curtilles - on apprendra plus tard que les bâtiments de l’usine ont été classés...
La cinéaste a réuni des témoins du passé, pour la plupart anciens élèves de la «prim sup» du village (qui rappellera le rôle précieux joué par cette structure scolaire sacrifiée sur l’autel des réformes?), afin de faire revivre l’an 1937. Elle convoque aussi des documents d’archives, dont, en guise de fil rouge, la traversée par le Tour de Suisse du bourg broyard (les ouvrières et ouvriers pouvait voir passer les coureurs, le temps d’une pause non payée...)
Depuis un certain nombre d’années, on se gargarise du «devoir de mémoire». Ici, il serait mieux de parler d’un hommage aux acteurs du passé et aux serviteurs - plus ou moins consentants - de valeurs souvent jugées ringardes aujourd’hui, telles que le travail, la famille et la patrie.
Parmi les spectateurs de ce documentaire émouvant, les aînés éprouveront peut-être quelque nostalgie; les plus jeunes découvriront avec intérêt voire surprise la vie quotidienne d’il y a septante ans, les codes vestimentaires, les travaux et les jours, le parler de la campagne, les distractions de l’époque.
Note: 14
Daniel Grivel