Critique
Le réalisateur belge Ben Stassen aime les bestioles: dans FLY ME TO THE MOON (voir CF n. 590), il narrait l’aventure de mouches passagères clandestines de la mission Apollo 13; ici, il s’intéresse à une petite tortue de mer. Samy voit le jour au début des années 50 sur le littoral californien. Ses premiers moments sont difficiles: plus petit que ses congénères, il peine à casser la coquille de son œuf puis rame pour sortir de son nid, cratère de sable dans lequel la couvée a été déposée, et finit par trouver refuge sur une épave flottante.
Commence alors pour Samy une véritable odyssée qui lui fait découvrir les océans; Shelly l’amour de sa vie; son pote Ray, tortue luth plus dégourdie que lui; les dangers auxquels sont exposés les bébés tortues (il en survit à peine un sur mille, la plupart étant décimés par les oiseaux entre leur sortie de nid et leur immersion dans la mer); les conséquences sur la planète des activités humaines. La durée moyenne de vie des tortues de mer étant d’une cinquantaine d’années, le réalisateur se livre à un survol de la seconde moitié du siècle dernier, évoquant notamment la révolution hippie la conquête de l’espace, le combat de Green Peace, les marées noires.
Le film de Ben Stassen comprend plusieurs niveaux de lecture et s’adresse aux petits comme aux grands. Il ne prétend pas apporter de solutions aux menaces que l’humanité fait peser sur l’environnement mais, de manière ludique, éveille les consciences. Le tournage en trois dimensions, très approprié, confère une magie étincelante au monde sous-marin. Sans être gnangnan ni moralisateur, LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY fait l’éloge de l’amitié, du courage, de la persévérance. Ringard aux yeux de certains? Peut-être, mais pas inutile dans ce monde qui va comme il déva...
Note: 17
Daniel Grivel
