Nothing Personal

Affiche Nothing Personal
Réalisé par Urszula Antoniak
Pays de production Irlande, Pays-Bas
Année 2009
Durée
Musique Ethan Rose
Genre Drame
Acteurs Stephen Rea, Lotte Verbeek, Sean McRonnel, Darach Ó Dúbháin, Ann Marie Horan
N° cinéfeuilles 620

Critique

En 2009 NOTHING PERSONAL avait fait l’unanimité de tous les jurys lors du Festival de Locarno. De tous sauf un: le Jury officiel… Le long métrage d’Urszula Antoniak avait obtenu, entre autres, les prix d’interprétation féminine, de la meilleure première œuvre et de la Fipresci. Il arrive aujourd’hui sur nos écrans: les films présentés à Locarno, on le sait, ont toujours de la peine à trouver un distributeur…

Bien décidée à tirer un trait sur sa vie passée, Anne (Lotte Verbeek) a vidé l’entier de son appartement et déposé toutes ses affaires sur le trottoir. Par la fenêtre de ce qui fut son logis, elle regarde les gens se servir et emporter. Elle a tout plaqué pour s’embarquer dans un voyage pédestre en Irlande. Sur la côte atlantique de l’île elle découvrira une maison isolée, loin de tout. C’est là que vit Martin (Stephen Rea), 50 ans, qui recherche lui aussi la solitude.

Leur première rencontre est peu amène. Martin propose à Anne de travailler pour lui en échange du couvert et du logis, mais à une condition: aucune question personnelle ne devra jamais être posée: «No personal contact, no questions.» Difficile… Bien qu’ils se limitent au strict nécessaire, Anne et Martin ne pourront pas s’empêcher de s’intéresser l’un à l’autre. Mais comment commencer à se faire confiance?

NOTHING PERSONAL est une histoire simple, austère, presque muette, entre deux êtres blessés par la vie (on ne saura pas grand-chose de leurs passés respectifs). Aucune situation équivoque dans ce petit récit, pas de romantisme, pas de «love story», pas de «happy end»… Et pourtant l’on se surprend à épier chacun des gestes d’Anne et de Martin, on reste à l’affût de chaque mot. Une forme de suspense s’installe peu à peu, un certain mystère émanant des deux protagonistes. La sensibilité descriptive est là, la tension ne se relâchera plus: il y a, dans ce petit récit, des moments très forts d’émotion retenue.

Porté par deux acteurs de talent et par un montage rigoureux, soutenu en contrepoint par des paysages sauvages, tristes et splendides, ce premier film d’une réalisatrice néerlandaise d’origine polonaise est une réussite.

Note: 15

Antoine Rochat