Lo Mas Importante de la Vida es no haber muerto

Affiche Lo Mas Importante de la Vida es no haber muerto
Réalisé par Olivier Pictet, Marc Recuenco, Pablo Martin Torrado
Pays de production Espagne
Année 2010
Durée
Genre Drame, Comédie
Acteurs Mariàn Aguilera, Emilio Gutierrez Caba
N° cinéfeuilles 620

Critique

Un (long) titre qui frise le code de la tautologie, un scénario sophistiqué qui se mélange souvent les pinceaux, un film qui se révèle finalement prétentieux. LO MAS IMPORTANTE DE LA VIDA ES NO HABER MUERTO disposait pourtant d’atouts sérieux: une production hispano-suisse solide, des acteurs excellents, des décors de qualité, une utilisation du noir/blanc subtile, des images surprenantes, un son très étudié… Mais à vouloir trop dire, à vouloir mélanger le présent et le passé, le réel et le rêve, les trois réalisateurs de ce film ont manqué leur cible.

Accordeur de piano réputé, Jacobo mène une vie heureuse avec sa femme Helena. Toutes les nuits il dort tranquillement et retrouve au petit matin ses pianos miraculeusement accordés. Pour lui c’est tout à fait naturel… Mais un jour il devient insomniaque et ses pianos ne se réparent plus d’eux-mêmes. Lors de ses allées et venues nocturnes, Jacobo entend des bruits dans la maison et voit un inconnu en robe de chambre errer dans son salon. Il essaie de le suivre, mais l’intrus disparaît. Sa femme Helena, étrangement calme, lui dit qu’il hallucine. Jacobo semble alors perdre peu à peu la raison…

Se greffe sur ce canevas une tout autre histoire, mettant en scène d’autres personnages, d’autres époques, dans une affaire de trahison et de pardon. Helena a-t-elle connu un autre homme, recherché par la police franquiste? Le cache-t-elle? La maison de Jacobo est-elle aussi un territoire inexploré peuplé d’autres individus, de miroirs, de passages secrets, d’escaliers qui se perdent dans les profondeurs? Y a-t-il une autre vie, souterraine celle-là? Toute cette symbolique est confuse. Le scénario semble faire allusion à des événements qui, en arrière-fond, vont de 1939 à la mort de Franco (1975, mais sans doute au-delà), des événements qui ne s’enracinent jamais dans un quelconque réalisme d’ordre privé, historique ou politique. Les réalisateurs n’en ont cure: «L’invasion de l’espace personnel de Jacobo par un intrus et le sentiment de vulnérabilité qu’il éprouve sont le point de départ du film, expliquent-ils dans le dossier de presse. Nous voulions explorer l’idée de vulnérabilité, du mensonge et du doute qui amène à la désintégration de tout un système de croyances. Jacobo semble se réveiller d’un songe pour découvrir que derrière son existence heureuse se cache un monde refoulé et chaotique. (…) Il s’agit d’un récit où les mondes entrent en collision et les croyances se perdent.»

Dont acte. LO MAS IMPORTANTE DE LA VIDA ES NO HABER MUERTO doit donc se lire comme la juxtaposition de deux mondes, comme une vision de l’esprit, comme une forme de distorsion de la réalité. Mais à force de rendre la réalité suspecte, on désamorce tout intérêt.

Note: 10

Antoine Rochat