Ce que je veux de plus

C’est une histoire classique d’adultère. Mais elle est racontée avec un souci de documentariste plutôt que l’idéalisme d’une fiction romantique. «Lorsque le cinéma aborde ce sujet, explique Silvio Soldini, il occulte souvent tout ce qui se trouve autour et se focalise sur l’histoire d’amour; j’ai voulu, au contraire, montrer des personnages réels, qui ont les mêmes problèmes que tout le monde et qui connaissent des situations identiques aux nôtres.»

Anna (Alba Rohrwacher) vit une petite vie d’employée de bureau compétente et sage aux côtés de son gentil mari (Giuseppe Battiston). Un jour, la passion explose, partagée en face d’Anna par Domenico (Pierfrancesco Favino), un père de famille englué dans les soucis d’argent. Ce qui, dès lors, va donner du sel à leur existence, sera leur liaison contrariée par toutes sortes d’obstacles et dont l’un et l’autre exigeront toujours davantage.

En préférant la réalité à la littérature, Soldini accorde trop de place aux questions pratiques d’une double vie: quand et où se retrouver pour ne pas semer le doute chez soi. Comment échapper à la perspicacité des proches? Comment s’en sortir avec un conjoint rendu pesant par l’autre amour? Bien tourné, bien mis en scène, le film laisse pourtant indifférent, éteint par cette banalité qu’il veut mettre en lumière. Or, par définition, il n’y a pas de banalité dans une passion, le désir amoureux ne laisse aucune place à l’ordinaire; Catherine Corsini le démontrait jusqu’à tomber dans l’extrême opposé, avec PARTIR (2009). Même incarnés par de bons acteurs qui comprennent parfaitement leur rôle, les personnages de Silvio Soldini ne semblent pas faits pour vivre cette aventure. Il manque à CE QUE JE VEUX DE PLUS l’étincelle qui en aurait fait un film captivant.

Note: 12