When you're strange

Affiche When you're strange
Réalisé par Tom DiCillo
Pays de production U.S.A.
Année 2009
Durée
Genre Documentaire, Musical
Distributeur MK2 Diffusion
Acteurs Johnny Depp, John Densmore, Robby Krieger, Ray Manzarek, Jim Morrison
N° cinéfeuilles 619
Bande annonce (Allociné)

Critique

Voici un documentaire de grande qualité dont le propos dépasse largement la simple reconstitution du parcours, celui des Doors et de son chanteur-phare Jim Morrison, groupe mythique auquel Oliver Stone avait consacré en 1992 un film au titre éponyme.

En effet, hormis la musique, c’est toute une époque en rupture qui réapparaît, et notamment aux Etats-Unis celle des sixties et seventies foisonnantes et dérangeantes (Mouvement en faveur des droits civiques, guerre du Vietnam…) La voix off de Johnny Depp, qui porte le film, donne constamment l’impression d’entendre Jim Morrison lui-même relater une destinée inverse à celle de son père. Si pour ce dernier, amiral de la flotte étasunienne, vie et obéissance devaient se conjuguer, pour Jim, le fils rebelle, obéir égale se suicider. Ainsi, avec lui et les trois autres membres du groupe (Robby Krieger, Ray Manzarek et John Densmore) qui signaient toujours conjointement leurs compositions, on traverse ces années où création et contre-culture ne faisaient qu’un, ce qui n’allait pas sans risque. Tom DiCillo a puisé dans un matériel d’archives considérable, mêlant concerts (dont quelques extraits de ceux à New Haven et Miami), interviews, scandales, drogue, excès en tous genres. Tout est là pour révéler ce qui va conduire progressivement Jim Morrison vers le gouffre et la mort à 27 ans, entraînant bien sûr la fin du groupe. Le réalisateur a eu notamment la bonne idée de reprendre la majeure partie d’HWY - AN AMERICAN PASTORAL (un film mythique réalisé par Paul Ferrara et Morrison juste avant que celui-ci ne monte à bord du Rock’n’Roll Circus avec le succès que l’on soit), en reprenant le même style de montage pour le reste du film. Dans l’un des premiers plans, une allumette frottée se consume, belle métaphore d’un Jim Morrison hyper-doué, sorte de Rimbaud de cette étonnante période que revisite ce documentaire passionnant, que l’on soit ou non «accro» à cette musique.

Note: 15

Serge Molla