Critique
Alexandre (16 ans) vit seul avec son père, mais entre eux c’est la guerre. Révolte chez le fils, coups et violence chez le père: pour échapper à l’engrenage d’une brutalité devenue quotidienne, Alex se réfugie dans son sport favori, l’aviron. Ambitieux, il veut tout gagner, tout seul. Il devra pourtant lâcher du lest et composer avec son entourage, avec son coéquipier, avec son entraîneur, avec Murielle dont il est amoureux. Tout cela s’accompagnera de succès et de désillusions, de rapprochements et de nouvelles ruptures.
Le cinéaste Bernard Bellefroid dit avoir connu Alexandre et vécu lui aussi cette violence «domestique et cachée», présentée ici comme une conséquence des humiliations dont un père est victime sur les lieux de son travail (il est manutentionnaire dans une grande surface). Mais il y a aussi, chez le père, une immaturité profonde et une incapacité à se maîtriser. LA REGATE sera l’histoire d’un combat intérieur difficile, celui d’Alex, qui s’efforce de ne pas répondre à la violence, de la fuir, et qui tente de partir à la recherche de lui-même, aidé en cela - un peu tardivement - par son entraîneur d’aviron.
Le propos du film est cohérent, le récit bien mené, le ton sérieux, les personnages observés à bonne distance. Deux bémols pourtant: le cinéaste donne l’impression de vouloir laisser hors champ toute composante d’ordre psychologique, ce qui ne simplifie pas l’approche et la connaissance des personnages; par ailleurs le caractère assez linéaire de l’histoire - une tranche de vie - laisse vite deviner ce qui peut (ou va) se passer, privant dès lors le récit de toute surprise, ou presque. Même s’il y a peut-être, dans les derniers plans, amorce d’une évolution possible.
LA REGATE reste un (premier) film réussi, qui aborde un sujet intéressant et ose s’aventurer hors des sentiers battus d’une certaine production courante.
Note: 13
Antoine Rochat
