Critique
Pour commencer, en noir et blanc, les images d’un cimetière marin où s’entassent les épaves de bateaux en bois et où, sous un ciel gris, des déchets (bouteilles vides, gobelets...) sont balayés par le vent. C’est là, sur l’île de Lampedusa, que viennent s’échouer les survivants de la traversée du canal de Sicile (on estime que, ces dix dernières années, quelque 10’000 émigrants du nord de l’Afrique s’y sont noyés).
Accompagné du photographe Antonio Murgeri, le documentariste sillonne ensuite la Calabre, naguère pays d’émigration, dont les habitants se sont montrés relativement accueillants (plus que les polentoni du nord) à l’égard de leurs «cousins» nord-africains mais ont plus de peine avec les immigrés venant de l’est de l’Europe: on passe des cueilleurs d’agrumes et d’olives payés 25 euros par jour (8 heures de travail 7 jours sur 7) aux toutes jeunes prostituées arpenteuses de la route nationale 106. Les lois xénophobes et les refoulements contraignent les demandeurs d’asile à se réfugier dans le «nouveau sud de l’Italie» où, comme en décembre 2008 à Rosarno, le rejet et les agressions les ont contraints à des manifestations de protestation.
Pino Esposito dresse le constat clinique et peu porteur d’espoir d’un cercle vicieux apparemment sans issue.
Note: 12
Daniel Grivel
