Daniel Schmid - Le chat qui pense

Affiche Daniel Schmid - Le chat qui pense
Réalisé par Pascal Hofmann, Benny Jaberg
Pays de production Suisse
Année 2010
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Columbus Film
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 618

Critique

Cela fera bientôt quatre ans que Daniel Schmid est mort. Deux jeunes documentaristes suisses ont eu la bonne idée de lui ériger un tombeau, au sens musical du terme: c’est ainsi qu’un compositeur rendait hommage à un grand confrère, de son vivant ou après sa disparition. Une œuvre qui a été à juste titre remarquée dans la section Panorama de la dernière Berlinale.

Pascal Hofmann (Coire, 1977) et Benny Jaberg (Baden, 1981) ont réalisé ensemble ce qui était initialement leur mémoire pour un mastère de la Haute Ecole artistique de Zurich. Un beau travail de recherche et d’entretiens, habilement construit et bien mené, dans le droit fil de la définition que Wikipédia donne du tombeau, «pièce monumentale de rythme lent et de caractère méditatif, non dénuée parfois de fantaisie et d’audace harmonique et rythmique». Il est vrai qu’il ne pouvait en aller autrement avec un sujet comme Daniel Schmid. Reflet d’une admiration profonde, l’hommage ne tombe pas pour autant dans l’hagiographie.

Hofmann et Jaberg ont su faire plus et mieux qu’un documentaire. Entremêlant prises de vues réelles et archives filmées, interviews du réalisateur recueillies dès ses années d’études à Berlin et jusqu’à une sorte de testament (il est émouvant de voir le visage du Grison passer de celui d’un jouvenceau candide à celui d’un homme mûr et buriné par le cancer) et extraits topiques de ses longs métrages, témoignages de quelques-uns de ses compagnons de route, paysages montagnards accompagnés d’une musique bien choisie, le film dresse le portrait d’un créateur singulier du cinéma suisse, qui a connu une notoriété internationale (le Japon en particulier a été séduit par son art) et dont on espère que le public romand saura un jour reconnaître le génie.

Nos lecteurs le savent, le soussigné était cousin germain de Daniel Schmid; a partagé, tous séjours à Flims cumulés, des mois de son enfance et de son adolescence.

C’est ainsi que, dans des mesures différentes, nous avons vécu aux côtés de la Grossmama Schmidt (alias Tanta Mengia) et de Carla, la mère devenue prématurément veuve qui dirigeait son hôtel avec une fermeté souriante; de M. Caprez, l’homme aux clefs d’or; du vieux Sepp, factotum de l’hôtel; du magicien Malini (dont le slogan publicitaire annonçait «HEUTE NACHT ODER NIE kommt Malini das Genie...) Tous ces personnages que l’on retrouve dans Hors saison, dont nous avons réuni la matière au fil d’interminables soirées où nous rassemblions nos souvenirs avec force rasades de pinot noir grison...

Autant dire que c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai retrouvé la figure de Daniel et que les larmes me sont venues aux yeux en le voyant enfant avec son petit frère (décédé quelques années avant lui). Renato Berta évoquant l’importance de la musique (n’oublions pas que Daniel a aussi été un magnifique metteur en scène d’opéras) m’a rappelé notre écoute pâmée des Vier letzte Lieder de Richard Strauss. Bien sûr, certains souvenirs divergent: la transhumance de la famille Schmidt - qui en fait habitait la Villa Helvetia toute proche - dans les étages de l’hôtel au gré de l’occupation saisonnière était une jolie invention, qui ressortissait à la licence poétique du créateur. «Dis seulement la vérité, c’est ainsi que j’ai appris à mentir. Aime les gens, c’est ainsi que j’ai appris à tromper», disait le cinéaste.

Je suis resté longtemps dans mon fauteuil après la projection, ébloui et confondu par le génie d’un réalisateur qui, malgré son goût pour l’onirisme et un certain kitsch, était en prise directe sur le monde d’aujourd’hui et a donné son propre souffle au 7e art. MM. Hofmann et Jaberg, bravo et merci! mais, Daniel, tu me manques...

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 18
Geneviève Praplan 18