Illusionniste (L')

Affiche Illusionniste (L')
Réalisé par Sylvain Chomet
Pays de production France, Grande-Bretagne
Année 2010
Durée
Musique Sylvain Chomet
Genre Animation, Drame
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Jean-Claude Donda, Edith Rankin, Raymond Mearns, Tom Urie, Paul Bandey
N° cinéfeuilles 617
Bande annonce (Allociné)

Critique

Devant et derrière la caméra pendant plus de trois décennies, Jacques Tati a enchanté les spectateurs de toutes origines et toutes nationalités en racontant des histoires aux thèmes universels. Il a créé des comédies et des personnages uniques, proches du cinéma muet, avec des gags visuels inoubliables.

En 2003, Sylvain Chomet a enthousiasmé les foules avec son premier long métrage d’animation, LES TRIPLETTES DE BELLEVILLE. Un extrait de JOUR DE FÊTE animant ses triplettes, il a rencontré la fille de Jacques Tati pour des questions d’autorisation. Séduite par son talent, elle lui a confié la réalisation du scénario inédit de L’Illusionniste, écrit par son père entre 1956 et 1959. Evoquant l’irrémédiable passage du temps, le thème était peut-être trop intime pour que Jacques Tati puisse le réaliser lui-même. Relevant le défi, Sylvain Chomet a su tirer le meilleur parti du scénario en créant une œuvre très personnelle, avec le personnage de Jacques Tati en version animée.

L’histoire de L’ILLUSIONNISTE restitue la fin de l’âge d’or du music-hall et le début d’une autre époque, celle des concerts rock’n’roll destinés aux adolescents. Deux destins s’y croisent: le premier est celui d’un artiste de music-hall vieillissant, contraint de présenter son numéro de magie dans des salles de plus en plus petites et vides. Le second est celui d’une jeune fille naïve, Alice, qui possède encore la capacité d’émerveillement de l’enfance. Touchée par la gentillesse de l’illusionniste, elle décide de le suivre. De la rencontre de ces deux solitudes naîtront des moments magiques et tendres qui marqueront à jamais ces deux êtres...

Sylvain Chomet situe l’action à Paris et en Ecosse. Pour s’inspirer de l’atmosphère et de la lumière exceptionnelle des lieux, il a installé son studio à Edimbourg, où l’aventure a duré cinq ans. Loin des images de synthèse et du 3D, ce travail d’équipe repose essentiellement sur le dessin 2D, réalisé à la main. La magie du processus «fait main» et la richesse de son pouvoir d’évocation opèrent une fois de plus et dament le pion aux performances technologiques de l’ordinateur. Pratiquement sans dialogues, cette œuvre dégage une poésie empreinte de nostalgie.

A signaler que cette histoire tendre et triste de fin d’une époque et de rencontres étonnantes s’adresse aux adultes plus qu’aux enfants.

Anne-Béatrice Schwab