Critique
Deux jeunes cinéastes argentins se sont associés pour écrire et réaliser un film étonnant d’authenticité et de sensibilité, qui dresse un état des lieux mélancolique d’une Argentine naufragée: il suit le long périple et la vie quotidienne de trois femmes envoyées par l’Etat au secours d’une lointaine population de défavorisés. Leur mission est de soigner et d’enquêter sur la situation sanitaire.
D’une manière exemplaire, les réalisateurs mêlent narration et succession d’entretiens menés à la façon d’une enquête sociologique dans ces terres lointaines et abandonnées. Avec empathie, la caméra révèle ces hommes, ces femmes et ces enfants.
En contrepoint au reportage réaliste, émouvant et désespérant sur les conditions plus que précaires de familles acculées à la survie, le film fait partager le quotidien de ces trois femmes, larguées dans les décombres d’un hôpital en ruines et tentant de cohabiter entre elles et avec la population locale. A la fois fortes et compétentes, elles sont remuées au plus profond de leur sensibilité par tous ces échanges, aux confins d’elles-mêmes, de leurs projets, de leur pays. C’est l’occasion, malgré ou grâce à un rythme excessivement lent, de découvrir trois actrices, superbes de tempérament et de justesse, Adela Sanchez, Eva Bianco et Victoria Raposo.
Anne-Béatrice Schwab
